[FB] Rencontre fortuite au Pays des Vagues

An -5, bourgade du Pays des Vagues.

Situé non loin d'une mangrove, toute proche de la mer qui se trouvait entre le Pays de la Foudre et de l'Eau, la petite bourgade était bien calme, à une heure aussi tardive. Chacun se trouvait chez soi, à vaquer à ses occupations, et les rares personnes qui erraient encore dans les rues du petit village étaient probablement de pauvres pêcheurs sans histoires, qui rentraient de leur journée de dur labeur.

Pourtant, dans l'ombre d'une des bâtisses, une silhouette encapuchonnée semblait attendre quelque chose, ou plutôt quelqu'un. Discret, presque indétectable, son regard scrutait les différentes personnes qui avaient le malheur de sortir à cette heure de la nuit et après quelques longues minutes d'attente, qui lui semblèrent interminables, il vint à s'approcher d'un pauvre type à la main tremblante, chassé de ce qui semblait être la taverne du village.

" Regarde toi. Tu ressens déjà les effets du manque. " soupirais-je.

Le pauvre homme, blond aux yeux bleus, venait à se retourner doucement en entendant ma voix. Il se reculait instinctivement, comme une proie face à un prédateur tandis que je fronçais les sourcils, abaissant mon capuchon sans plus attendre. Il venait alors à s'écrouler, à genoux et sanglotant tandis que je l'observais de haut, impassible.

" Je.. Je vous en prie.. Je vais vous payer, je vous le jure.. ! "

Un coup de pieds dans le ventre, et voilà qu'il était encore plus plié en deux qu'il ne l'était déjà, vomissant déjà une partie de ses tripes, ou plutôt de l'alcool qu'il venait très probablement de consommer. Je soupirais de plus belle, j'exécrais ces types, qui ne savaient pas contrôler leurs pulsions, et qui étaient incapables de refreiner leur consommation. Non seulement, ils se tuaient à petit feu, mais en plus, ils s'avéraient devenir de très mauvais payeur, incapable de faire autre chose que de consommer leur dose, ou de tomber dans d'autres vices.

" Et qu'elle garantie ais-je que tu me paies la prochaine fois, mh ? Voilà déjà une semaine que j'attends, et je n'ai pas le loisir de me rendre au Pays des Vagues tout les quatre matins.

- Je.. Je vous en supplie.. Accordez-moi encore une semaine.. Pitié.. "

Il n'était pas question de lui accorder une semaine de plus, non. Le paiement avait déjà trop tardé, et si je ne récoltais pas la somme exigée, il y aurait des retombées sur ma personne, hors, il n'était pas question que je paie les pots cassés d'un pauvre type pareil. Pour autant, la violence ne m'aiderait en rien, il semblait réellement fauché, et ce n'est pas en continuant de le cogner qu'il finirait par cracher des Ryôs.

Je venais finalement à me baisser quelque peu, alors qu'il pivotait de sorte à se retrouver sur le dos, du vomi encore présent sur la commissure de ses lèvres et de sa joue. Mon regard glacial croisait le sien, tandis qu'il semblait apeuré, personne ne semblant daigner venir à son aide, fuyant plutôt le désastreux spectacle, à vrai dire.

" Bon, bon, bon.. Un client mort, c'est souvent mauvais pour les affaires. Alors je vais faire preuve de sympathie, et rester ici jusqu'au petit matin, dernier délai. Je me fiche de comment tu obtiens ces Ryôs, que ce soit en soudoyant, en faisant la manche, en empruntant à qui que ce soit, mais je les veux, demain matin, au lever du soleil. "

Je l'attrapais alors par le col, et me redressais, l'aidant à se relever par la même occasion, avant de finalement le relâcher. Ne demandant pas son reste, il venait à s'enfuir au détour d'une allée, alors que je restais là, serrant le poing en pensant un bref instant à ce que j'étais devenu.

La paix ? C'était un concept, on ne peut plus mystérieux dans mon esprit, à dire vrai. Le peuple de Kiri avait connu si peu de temps de paix, qu'il n'en avait guère la définition, ou du moins peut-être en avaient-ils une biaisée, incomplète. Les massacres avaient suivis les guerres claniques, la mort était à chaque coin de rue, et ne pas faire votre travail correctement était presque une raison de vous éliminer en soi, alors oui, je n'avais d'autre choix que de déverser ma colère sur ce pauvre type. J'exécrais ce que j'étais devenu, mon enfance était loin derrière moi, elle n'avait pas toujours été toute rose, certes, mais elle était incomparable avec la noirceur de mon présent.

Peut-être n'étais-ce pas ce pauvre type, qui me ressortait par les yeux, mais plutôt ma propre personne. Un assassin, un maître chanteur, un dealeur, et la liste était encore longue pour me qualifier. Je fermais les yeux un instant, le poing serré, alors que je sentais un regard se poser sur moi. Je tâchais d'inspirer profondément, reprenant donc contenance, et desserrant ma main droite tandis que je me retournais vers le jeune homme qui m'observait. Je ne sentais aucun jugement, dans ce regard, comme s'il tâchait de garder son avis pour lui, et ne laissait rien paraître.

Il finissait par se détourner, aussi simplement qu'il était apparu, et entamait de s'éloigner alors que je venais à m'exclamer :

" Je me fiche bien de ce que tu peux penser. Je sais qu'au fond de toi, tu m'as jugé, même si tu ne laisses rien transparaître. "

Je l'observais alors longuement, impossible de dire s'il venait de ce pauvre village, ou si comme moi, c'était un shinobi d'une plus grande nation.

" Je fais simplement ce qu'il faut pour survivre. "

Je me cachais tant bien que mal derrière cette excuse, qui en un sens, était vraie. Désobéir à mon clan, c'était courir le risque d'être écarté, voir même banni. Et mon clan, c'était bien la seule chose qui me restait désormais, alors il était inconcevable de le perdre. Je venais finalement à m'approcher de ce dernier, sans intention de lui faire du mal dans ma gestuelle, ou dans l'approche en elle-même, et pour peu qu'il se soit arrêté pour m'écouter, alors qu'une fois à son niveau, je tâchais de reprendre, plus calmement.

" Mais si tu me disais plutôt d'où tu viens ? Je doute que tu viennes de ce petit bourg. "

- Je crains ne pouvoir accéder à cette vision… Peut-être que ta situation est bonne à plaindre, mais pas autant que cet homme tout à l’heure. En l’état, tu sembles plutôt être un de ces ‘ forts ‘ qui écrase les ‘ faibles ‘ pour théoriquement… survivre.

J'esquissais un sourire en coin, amusé par la réponse de ce dernier. Mais pouvais-je le blâmer, après tout ? Il m'avait vu passer à tabac un pauvre type sans défense, et je prétextais que c'était pour ma propre survie, cela faisait certainement de moi le méchant, dans cette histoire. Je ne pouvais décemment pas le blâmer pour son incompréhension, ou son manque de connaissances, comment pouvait il comprendre la réalité qu'était celle des shinobis de Kiri, sans venir de là-bas, après tout.

Je m'apprêtais néanmoins à rebondir quand il repris alors, et je soufflais un rire amusé à cette légère pique. Son regard venait ensuite à se perdre autour de nous, comme s'il s'attendait à ce que d'autres personnes débarquent de derrière les fourrées, et surprenemment calme, je tâchais d'apaiser ses doutes :

- Ne t'en fais pas. Ni moi, ni personne d'autres ne te raccompagnera par la main chez toi, si ça peut te rassurer. J'ai d'autres choses à faire, après tout, comme tu as pu le constater, et je m'occupe généralement seul de ce genre de.. tracas.

- Présentes-toi donc ? Cela me donnera sans doute l’envie de faire de même ? Je pense que tu comprendras ma méfiance compte tenu de ce que j’ai vu… plus tôt ?

C'était probablement la meilleure chose à faire, je ne pouvais décemment pas lui demander sa provenance et son identité, sans avoir à révéler la mienne. Et de toute évidence, cela permettrait peut-être de nouer de nouveaux liens commerciaux, alors ça équilibrait probablement la balance des bénéfices et des risques. Soufflant doucement, plantant mon regard dans le sien, comme il venait de le faire, je répondais :

- Terumi Ushio, du clan du même nom. Nous sommes connus pour être des marchands, entre autre choses. Nous avons pas mal de.. choses, à proposer, que ça soit des denrées de première nécessité, ou d'autres substances pour vous détendre. Mais, comme vous l'avez vu, nous sommes plutôt à cheval sur les paiements, il en va de notre réputation, après tout.

J'opinais doucement, avant de rajouter :

- Et pour ce qui est d'un verre, hélas, je ne suis pas un très grand amateur d'alcool. Mais maintenant que je me suis présenté, peut-être pourrais-tu en faire de même, mh ?

J'avais repris un ton, et une gestuelle plus calme, l'accès de violence étant redescendu malgré la pique que m'avait envoyé le shinobi.

Maintenant que les moeurs avaient été calmées, en tout cas plus ou moins, la discussion se faisait peu à peu, quoique je sentais encore une certaine réserve chez mon "camarade" ? Hatake Hotaru, le nom ne me disait rien, comme celui du clan auquel il appartenait, à vrai dire, mais il n'avait pas l'air de vouloir m'en faire savoir davantage pour autant. Peut-être pensait il réellement que j'avais entendu parler des exploits de son clan, ou que j'aurais dû le connaître, ou alors était ce une habile stratégie pour ne pas en dévoiler davantage, je n'en avais aucunes idées, mais je préférais laisser couler la chose.

J'écoutais ensuite sa demande, soufflant un rire au trait de caractère qu'il utilisait alors que je venais à croiser les bras sur mon torse, éliminant finalement tout signe d'hostilité. Il était plutôt amusant, sommes toutes, et la discussion était un brin rafraîchissante, je devais le reconnaître. Je tâchais donc de reprendre :

- Je ne suis personne pour parler au nom des Kirijins, ou même pour mon clan, à vrai dire, mais j'ose croire que nous ne pouvons pas être résumé aux affres, batailles et crimes qu'on nous incombent.

Parce que c'est certainement ce dont il devait avoir le plus entendu parlé, après tout. La guerre des clans avait eut beau ravager nos terres, il n'était pas rare qu'elle se soit propagée ou faites entendre jusqu'au delà de nos frontières, et c'est ce qui nous valait notre étiquette de peuple belliqueux. Après, avaient ils complètement tords de nous considérer comme tel, je ne pense pas. Nous étions formés à la guerre dés l'enfance, probablement comme la plupart des peuples du Monde de l'Onogoro, mais de ce que j'avais ouïe dire, nous étions certainement de ceux à avoir fait couler le plus de sang.

- Certes, vous n'êtes certainement pas sans savoir ce qui est arrivé avec la création de notre Pays, mais j'ose croire qu'il y a un avenir qui nous attends, ou alors, je fonde peut-être trop d'espoirs en l'avenir, difficile à dire finalement.

Je ne comptais pas m'étaler davantage sur la situation de la nation, car même si j'en connaissais beaucoup, il n'était pas question de tout révéler à un parfait inconnu, encore moins à quelqu'un appartenant à une autre nation. De toute manière, j'avais d'autres chats à fouette, présentement, et je préférais aller me reposer avant de devoir retourner chercher mon dû :

- Bon, ce n'est pas que la discussion m'ennuie, loin de là, mais j'aimerais autant aller me reposer avant de retourner chercher ce pauvre gars. Vous sauriez si ils ont des lits, dans cette auberge ? Mh ?

J'esquissais un léger sourire en coin, à la remarque du Hatake, tandis que je venais à répondre avant qu'il n'enchaîne :

- Oh, je n'en doute pas, mais je crains qu'il soit un peu tard, pour cela. Peut-être que le futur me donnera tord, cela dit, nous verrons bien.

Alors que je tentais de couper court à la conversation, je sentais bien que mon interlocuteur était resté sur sa faim, et j'écoutais donc sa réponse à propos des lits présents dans cette auberge, ainsi que sa prochaine question, qui me fit lever un sourcil. En effet, j'avais déjà entendu parler de la moniale, et je l'avais déjà croisée à plusieurs au cours de mes livraisons pour le temple, mais nous n'avions jamais vraiment échangés autre chose que des courtoisies, des salutations, étant donné que je traitais avec les plus "hauts gradés" et ceux qui étaient en charge des réserves.

Par contre, la question que je me posais, était d'où lui venait donc une telle connaissance ? Comment aurait-il bien pu la croiser ? Avait-elle un passé d'aventurière, avant sa conversion monacale ? Je n'en avais pas la moindre idée, car comme dit, je ne la connaissais guère. Je pivotais néanmoins davantage vers le shinobi, croisant les bras sur mon torse alors que je le jaugeais quelque peu, sourcil toujours haussé.

- Je ne la connais pas personnellement, mais j'ai déjà eu l'occasion de la croiser, oui, et j'aurais certainement plus d'occasions de le faire.

Ce dernier semblait relativement inquiet, à priori, et il avait rapidement enchaîné. Je ne percevais aucune hostilité quand il mentionna son nom, il y avait autre chose entre eux, ou du moins, il y avait eut autre chose, à un moment donné. Je soufflais doucement, alors, avant de reprendre.

- Aux dernières nouvelles, elle se portait bien, si cela peut t'offrir quelconque soulagement. Je lui passerais tes salutations, l'Hatake, pour peu que je m'en souvienne la prochaine fois que je la croiserais.

J'haussais finalement les épaules, et entamait de me détourner en cessant de croiser les bras, me dirigeant vers l'auberge.

- Encore un conseil, d'ailleurs, tâche d'être plus prudent, à l'avenir. Je ne suis certainement pas le plus véhément des Kirijins, et tes jugements et commentaires auraient pu te coûter plus chers, si ça n'avait pas été moi.