[FB] En eaux troubles

FT. Hotaru

En eaux troubles

An 1 : Six mois après les jeux de Yu

Depuis sa récente nomination, les errances de la Moine se faisaient de plus en plus rares. Il y avait tant à faire. Pour le Temple, pour Kiri, pour elle-même… Il s’agissait d’un temps d’effervescence où Hariken peinait à trouver un instant pour elle-même, mais en cette fraîche journée, elle y était parvenue et se délectait d’un bain franchement mérité. Là, comme elle s’abandonnait tout entière, elle laissait l’Eau salvatrice emporter ses pensées jusqu’à des souvenirs qui lui semblaient bien lointains désormais.

« L’Eau porte la Vie, Hariken, elle nous abreuve et reste avec nous tout au long de notre existence, mais parce qu’elle est si bienfaitrice, nombreux sont ceux qui oublient qu’elle apporte la Mort de la plus cruelle des manières. »

Les paroles de son Maître flottaient à la lisière de sa conscience. Pendant ce temps, elle retenait sa respiration jusqu’à sentir ses poumons crier grâce. Il lui arrivait de se demander quelle sensation pouvait éprouver un Moine emporté par son propre élément. Funeste pensée qui revenait de temps en temps, mais la Céruléenne esquissa un mouvement de tête pour ramener sa chevelure en arrière et brisa tendrement la surface limpide pour reprendre son souffle.

Un soupir d’aise lui échappa tandis que l’Eau glissait le long de sa nuque. Il était plaisant de retrouver ces tête à tête avec son élément fétiche, sans contrainte ni impératif. Juste une communion qu’elle peinait à s’accorder. Pourtant, ainsi seule et immergée, Hariken laissait son esprit divaguer vers des horizons bien éloignées de ses terres natales. Bientôt, elle partait pour Nami et cette perspective l’enchantait d’avance, car il s’agissait d’une aventure personnelle.

Quelques semaines plus tôt, une vieille connaissance s’était rappelée à elle. Hotaru était l’une de ces personnes avec qui elle menait une danse en dents-de-scie. Ça, il lui avait fait subir nombre d’émotions contradictoires, mais la colère et le dégoût s’était apaisés depuis que la Moine avait appris la vérité sur son oisif partenaire. Le Hatake l’ignorait, mais il pouvait remercier Eijin pour la faveur qu’elle comptait lui accorder.

Quelques jours plus tard, la Moine posait le pied sur le port du Pays des Vagues où l’attendait le Kumojin. Ce n’était pas un territoire qu’elle affectionnait particulièrement, mais elle devait reconnaître sa beauté. Là, elle longea la côte jusqu’à parvenir à un village de pêcheurs un peu plus reculé, un endroit appelé Yurushi. Au-delà des cabanes d’une grande sobriété s’étendait les champs de Sel bercés par la Marée. C’était ici, entre les butes de cristaux, qu’Hotaru devait la retrouver pour commencer son initiation, mais du rouquin survolté, il n'y avait nulle trace.

FT. Hariken

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Une drôle d’idée avait germé dans l’esprit de la luciole, pourtant c’est bien son choix à lui et non un plan d’autrui. Envieux de parfaire ses maîtrises élémentaires, l’homme avait jugé bon de maîtriser le suiton et pour cause… Couplé au Raiton, la foudre devient d’autant plus redoutable. Les possibilités se multiplient pour ne pas dire deviennent infinies ! Cependant, si le jeune homme avait pu l’apprendre de lui-même comme un grand, il aurait jugé bon de faire appel à quelqu’un et ses pensées s’était dirigées vers … quelqu’un qu’il connaissait d’autrefois. Rare sont les fois où ils peuvent se voir de par leurs affiliations, pourtant, il n’est pas rare que ce dernier tente de communiquer avec cette dernière. Malgré la distance, l’homme n’oublie pas et c’est ainsi que sur un coup de tête réfléchis, il avait fait appel à la seule personne apte pour ce travail : Hariken !

Ryu aurait pu faire professeur puisqu’il maîtrise le Ranton, cependant… son attitude n’avait rien de professionnelle et de ce fait, Hariken était de très loin le meilleur choix possible. La moine de l’eau était tout bonnement l’être le plus à même de lui inculquer les rudiments du suiton, afin de parfaire sa maîtrise. Le Hatake voyait le suiton comme un élément gracieux, délicat, mais un expert de l’élément pourrait le décrire autrement.
Après tout… dans son état naturel, l’eau est aussi dangereuse que l’air, ou le feu et la terre… Il ne faut guère l’oublier. La nature en elle-même est maîtresse de tout et si cette dernière le désire, elle est bien souvent capable de nous le rappeler !

Humant la douce odeur marine, il débarqua un peu en avance et admira les alentours. Terrain neutre idéal pensait-il, il ne regrettait en rien son idée. Se sachant en avance, il se permis une petite découverte des lieux et le port était idéal pour rompre sa sensation de faim. Ainsi, il profita de quelques poissons fraîchement pêchés et il faut l’admettre… c’est bon ! Cru ou cuit, c’est tout bonnement divin, il ne s’en lasse pas. Heureux de découvrir la gastronomie du coin, il doit cependant rester aux aguets et c’est presque avec un peu de retard qu’il se rends au point de rendez-vous.
Aussi, quand une silhouette au loin semble patienter, bien des souvenirs lui reviennent en tête. Depuis combien de temps ne se sont-ils pas vus ? La bonne réponse et la plus sincère est sans doute « trop », mais il ne l’avouera pas ouvertement. Alors, furtivement, il tente d’approcher, jusqu’à apparaitre derrière celle-ci, veillant à ce qu’elle ne fasse pas de geste brusque soudain si elle est surprise !

« Seriez vous à la recherche de quelqu’un très chère ? »

Entrée en scène malicieuse, il était heureux de voir qu’elle avait accepté au moins de se retrouver là. Ni dans son pays ou le sien, ici, ils étaient techniquement deux personnes qui se connaissent et non un Kumojin et Kirijin. Il n’a guère honte d’ailleurs de sa connaissance, mais… les gens ont tendance à parfois faire des histoires et crier au scandale pour ce genre de chose, là où Hotaru lui voit une force. Après tout, les puissants ont leurs liens, leurs réseaux. Qu’est-ce qui interdirait monsieur ou madame de faire pareil ? Tant qu’ils ne divulguent pas de secrets de leurs villages… rien ne les empêchent de coopérer ?
Et en soit, même si cela est risqué d’une quelconque manière, le Hatake est ainsi, à aller au-devant du danger. Son lien, sa connaissance avec Hariken, il l’assume entièrement même s’il ne parle pas d’elle à tout le monde ou à n’importe qui. Qu’en est-il de son côté à elle d’ailleurs ?

Veillant à ce qu’elle ne fasse pas de geste brusque, si par malheur cela se produit, il reculerait vivement en riant quelque peu avant de finalement s’excuser. Il serait idiot de prendre un coup de kunaï dans les parties par « accident »… Admirant dès lors la silhouette de la demoiselle, il se plongerait dans son œil unique et saluerait celle-ci chaleureusement.

« J’espère que je ne t’ai pas trop fait attendre… Hariken. »

Elle semblait aller bien. Là où lui aussi n’était pas à plaindre non plus.
Après un petit moment de silence, attendant qu’elle réponde à ses questions et/ou entame la discussion, il finirait par lâcher tout simplement.

« Tu es… donc d’accord pour ce que je t’ai demandé ? M’apprendre ou plutôt me conseiller sur le Suiton ? »

Il était prêt à argumenter si elle voulait savoir pourquoi elle et non pas un des nombreux ninjas capables de me maîtriser chez lui. Et à cette question, il avait déjà la réponse, l’ayant mûrement réfléchi. Restait à voir comment il formulerait cette dernière, car quand il y repense, cela lui donne presque des rougeurs…
Approchant d’elle, il afficha un sourire plutôt doux.

« Comment vas-tu ? Cela faisait… un moment, hein ? »

Cependant il n’y avait aucun doute possible quant au plaisir de la revoir, que ça soit son sourire ou sa légèreté apparente. Peut-être même trop ? Est-ce elle qui lui fait cet effet ? Ou le lieu sur lequel ils se retrouvent ?
En tout cas, durant tout ce temps, il s’en est passé des choses… Et sa nomination à la tête du clan Hatake ou en tant que membre du conseil de Kumo en faisaient partit d’ailleurs… Une nouvelle qui lui faisait encore très drôle… Mais il s’y habituait petit à petit, espérant ne pas décevoir son paternel ou ses proches tout simplement.
Yeux dans les yeux, il retint un mouvement, une main ayant presque voulu remonter et caresser sa joue. Au lieu de ça, se faisant souffrance pour ne pas céder à ce « caprice », il se mordit la lèvre, taisant mille et un compliments à son sujet. Ils étaient là pour travailler après tout, non ?

FT. Hotaru

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Perdue dans ses pensées, la Moine n’avait pas sentit le Kumojin se glisser dans son dos. Là, ses mots emplis de malice tendent son interlocutrice qui se retourne et le chasse d’un coup de fouet préventif. Ça, Hotaru n’avait pas perdu la main, mais elle n’était pas venue jusqu’ici pour se laisser bercer par ses belles paroles. S’il avait chuchoté à son oreille, la Céruléenne savait que le frisson aurait été bien différent.

Hotaru, qui maintenant lui faisait face, semblait heureux de la voir malgré leur dernière altercation. C’était un sentiment étrange pour elle, prise entre des souvenirs qu’elle ne rejetait pour rien au monde et son lien inaltérable avec sa phobie théoriquement…dépassée ? Hariken aimait bien l’Hatake jusque-là, elle ne voulait pas le détester, le fuir ou lui faire du mal dans un geste réflexe. Lui semblait au-dessus de toutes ses réflexions, inconscient de son dilemme ou de ses craintes.

Relâchant l’Eau à sa main, la Moine reprenait petit à petit le contrôle d’elle-même. Elle ne voulait plus se laisser dominer par ses émotions et accéder à la requête du survolté était autant un pas vers lui qu’un pas pour elle. Eijin n’aurait peut-être pas approuvé l’exercice, Ushio non plus… Au pire, ce ne serait pas sa première bêtise.

« Si les Hatake étaient ponctuels, ça se saurait, taquina-t-elle en guise de mise en jambe.

Il avait l’air presque craintif. Cela l’étonnait après sa démarche, mais peut-être que cela était normal après la manière dont ils s’étaient quittés. Cette apparente fragilité la rassurait elle. Pourquoi ? Parce qu’elle commençait à voir la force des défauts de chacun, y compris les siens.

- Si tu es prêt à en payer le prix, on va dire que je vais accepter.

Le sourire qu’elle affichait à ce moment était sincère. L’Eau était son élément fétiche, tout à chacun devrait s’y intéresser et offrir ses conseils en la matière lui paraissait légitime. Hotaru effaça doucement la distance les séparant, une douceur oubliée et plaisante sur le moment, mais qui interrogea Hariken lorsqu’il sembla se stopper dans son mouvement et se retenir de quelque chose.

- Si longtemps que tu me traites comme une étrangère ? demanda la Moine en s’approchant un peu plus.

La distance se réduisant dangereusement, Hariken se satisfaisait de ne pas sentir ses démons refaire surface, mais elle s’arrêta avec impertinence.

- Quoique, c’est sûrement mieux de mettre de la distance quand on se positionne en apprenti.

Joignant le geste à la parole, la Moine esquissa un sourire joueur et laissa l’Eau se concentrer dans sa main avant de repousser son bel ami.

- Et si tu me montrais où est-ce que tu te situes avec le Suiton ? »

Technique utilisée:

FT. Hariken

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Comme imaginé, l’apparition et interpellation de la moniale surpris cette dernière et lui fit avoir un mouvement réflexe que le jeune Hatake esquiva en bondissant en arrière avec vivacité. Il pu constater que justement la maîtrise du suiton est complexe, car si un lac est une représentation calme de cet élément, la mer elle est une image bien plus sauvage et indomptable. Or, lui, il désirait maîtriser absolument tout ces aspects ne sachant pas totalement ce qu’il voudrait en faire outre un élément de soutient à son primaire qu’est la foudre ! Ainsi, toutes les approches étaient possibles, mais ils verraient cela en temps voulu.

S’excusant de son retard, la moniale fit preuve de taquinerie en répondant à sa façon. Une pique qui toucha en plein cœur l’homme pourtant connu pour son sérieux.
Hotaru 0 – 1 Hariken !
Loin de se douter qu’elle analysait même jusqu’à son approche, il se montrait raisonnable pour l’heure, bien qu’il soit difficile de sceller ces souvenirs dans cette grotte… Le souhaitait-il d’ailleurs ? Bien sûr que non… Alors il se fit « timide » ne finissant point un geste qui n’était rien comparé à ce qui a été fait autrefois. Se concentrant sur ce qui était sérieux avant tout, il demanda confirmation pour ce qui est de lui apprendre son art et elle se fit de plus belle malicieuse à sa façon. Affichant un sourire en coin, c’est sans gêne apparente qu’il approcha et répondit tout en restant proche sans abuser de son espace vital.

« C’est pour cela que j’ai fais appel à toi… car ton prix sera le mien ! »

Lui susurrant presque cela à l’oreille, il en rougit très légèrement tandis qu’elle pointa du doigt le fait de ne pas avoir « osé ». Joueuse comme dans ses souvenirs, le foudroyant et l’aqueuse semblaient presque se chercher tant via la joute verbale que physique.
Une étrangère, il cligna des yeux et secoua doucement la tête, l’accusation ayant presque sonné comme quelque chose de grave. Il n’en était rien, celui-ci la voyant bel et bien comme cette personne avec qui la coopération a mené à tout deux survivre, en plus … de plus entre eux. Bref, s’apprêtant à rétorquer, il l’entendit faire mine que cela n’était pas si grave, au contraire, prétextant justement que cet entrainement nécessite une barrière de sécurité. Une logique implacable que le jeune homme allait lui-même citer, mais le fait que ça soit elle qui y ait pensé le fait devenir à son tour coquin.

« Le temps de notre entrevue je dois donc te surnommer Sensei ? Hariken-Sensei ? »

Cela sonnait… étrange ? Oui et non, mais surtout non au final. Une petite pensée traversa son esprit, mais ils n’étaient pas là pour ça se disait-il, il fallait réellement se mettre au travail, le temps jouant contre eux. Aussi, quand elle lui demanda de lui montrer ses talents quant à l’élément qu’il désirait conquérir, il ne se fit pas prier et se recula.
Usant de son chakra, il le concentra et tenta d’extraire de l’eau de l’environnement. Dès lors, rassemblant des gouttes qui commençaient à former une petite quantité d’eau, la Mizukara pourrait voir que déjà il galérait vu son front en sueur. A moins que ça soit sa présence et leur ex proximité de quelques secondes qui le met en surchauffe ? Quoi qu’il en soit, il essaya de maintenir l’orbe d’eau en place, mais du se résoudre à la dissoudre ne parvenant pas à la gérer correctement. Son approche était peut-être encore un peu trop brouillonne, de plus, chaque élément a sa façon de fonctionner. La foudre est fougueuse, vive, féroce et désordonnée… L’eau elle demande peut-être plus de maîtrise, de technicité ! Et même si l’on dit qu’il faut parfois apprendre à courir avant de marcher, il n’était jamais bon de vouloir brûler des étapes.

Récupérant son souffle, il se sentait un peu honteux de ne pouvoir montrer mieux à celle-ci, mais sans une source d’eau à proximité pour ne pas dire sous ses pieds, il était difficile pour lui de contrôler cet élément… Il était curieux de voir les premiers conseils de celle-ci.

« Qu’en penses-tu ? »
** Bon sang… pourvu qu’elle ne me dise pas d’abandonner l’idée d’apprendre le suiton… **

Restant calme en apparence, ce dernier avait peut-être aussi bien trop d’idées en tête, des pensées en tout genre qui obstruaient le calme que l’élement demande peut-être ? La professeure allait devoir rendre son verdict pour l’aiguiller au mieux, car du chemin, ils avaient à en faire et ça, l’élève le savait et une chance pour la demoiselle, Hotaru était du genre bosseur. Allait-elle en profiter d’ailleurs ? Le jeune homme essaya de montrer qu’il était conscient et non bouffi d’orgueil, bien que sa fierté en prenne instinctivement un coup…

« Il va falloir fournir bien des efforts, n’est-ce pas ? Penses-tu pouvoir expliquer pourquoi j’ai ce mal à … rassembler l’eau ? J’essaie de me baser sur ma connaissance du Raiton, mais je me doute que c’est complétement différent pour chaque élément. Hmmm… »

Essayant de brièvement en plaisanter, bien vite la moniale pourrait voir dans son regard une foudre le représentant à merveille : déterminé et prêt à tout ! Un Hatake digne de ce nom. Il attendait alors son jugement et l’approcherait, comme un métal attiré par son aimant. Ce regard… C’est idiot, mais il l’apprécie et ne peut se retenir de ce « contact » visuel.

Mais un peu de sérieux ! Allaient ils y arriver ? Seul la mer et l’île en serait témoin en tout cas !

Il faillit oublier en fin de phrase...

" Hariken-Sensei ! "

FT. Hotaru

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Un rire frais et léger fit écho à la réponse de l’Hatake. Pouvait-il seulement s’engager dans cette voie quand elle-même se sentait si incertaine quant à l’issue de leur rencontre ? Hariken n’appréciait pas beaucoup le suffixe que son « élève » lui attribuait, mais il n’y avait pas grand-chose à faire. Hotaru était brutal, indélicat, tout cela sans s’en rendre compte, mais il gardait le sourire et cela la rendait plus nerveuse.

« Oublie donc ces formalités pour le moment, ça me fait bizarre, reconnut-elle.

L’homme n’y pouvait pas grand-chose, Hariken était encore sur le qui-vive. Se flagellant intérieurement, telle l’idiote et l’inconsciente qu’elle se persuadait d’être, elle sentait l’anxiété la dominer petit à petit. À ces sentiments dévalorisateurs se couplait un profond sentiment de culpabilité envers son cher Eijin. Il avait tant fait depuis les jeux pour l’aider à passer son traumatisme, mais elle s’était éloignée de son soutien comme elle s’était crue capable de laisser tomber ses vieux démons.

La Moine inspira un bon coup, mais son cœur continuait à s’emballer à la crainte de voir une silhouette canine jaillir de l’ombre portée par le Survolté. Pourtant, elle devait faire bonne figure. Hotaru méritait-il son ire ? Pourrait-il faire face si elle se laissait submerger par ses peurs ? Trop concentré sur les souvenirs d’une étreinte fugace ou la volonté de parader, il semblait compenser sa mauvaise humeur et sa distraction pour deux. Aussi étonnant que cela lui paraissait, l’élève obtempérait et tentait de transformer son chakra en Eau.

L’effort était louable. Quelques gouttelettes vinrent jouer entre ses mains et taquiner sa peau. Il y avait de la candeur et de la volonté chez le Shinobi. Sans prendre garde, la Moine s’était laissée absorbée par ces prémices et observait l’ébauche de maîtrise de l’Eau avec un œil bien plus doux. Il avait besoin d’elle, de son expertise. La sincérité et l’humilité de sa requête trouvèrent finalement grâce sous ce regard analytique.

- Ce n’est pas une question d’effort, Hotaru, commença-t-elle à expliquer en saisissant ses mains dans les siennes. La Foudre et l’Eau n’ont rien à voir.

Captant son regard, la Moine plongée dans son élément faisait preuve d’autant de sérieux que de passion.

- Si tu joues d’équilibre entre stabilité et puissance avec le Katon ou le Raiton, tu n'y arriveras pas ; l’Eau est beaucoup plus vicieuse. Elle s’insinue dans la moindre interstice et prendra toute la place que tu lui offres si tu ne comprends pas son fonctionnement, quitte à t’emporter avec elle, poursuivit la Céruléenne en pointant du doigt les poumons du novice. Tu ne peux pas utiliser la force pour ça, continua-t-elle en gardant sa main dans la sienne comme la seconde venait se poser dessus.

Relevant un œil presque malicieux, elle garda pour l’intimité de son esprit l’analogie qu’elle s’apprêtait à faire et se contenta d’un sourire équivoque.

- Allons trouver un plan d’Eau douce, ce sera moins dangereux pour toi.

Non pas que le Sel en lui-même représentait un danger pour l’instant, mais il était particulièrement conducteur une fois associé à l’Eau. Hariken ne tenait pas à griller comme les brochettes du Saumon Belliqueux et elle entama une marche tranquille vers l’intérieur des terres.

- Pourquoi le Suiton ? osa la Moine sur le ton de la curiosité. »

FT. Hariken

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La Mizukara semblait quelque peu nerveuse, ou si ce n’était pas ça, quelque chose semblait gêner. Le jeune homme ne s’en rendait guère compte, mais il le comprit quand elle sembla mettre un coup de frein à ses boutades concernant leur statut. Nullement dérangé de cela, il hocha la tête pour montrer qu’il avait comprit en plus d’accepter son choix. Comme on dit, les blagues les meilleurs sont les plus courtes !

Loin d’imaginer comment mentalement la moniale était taraudée, le jeune homme se concentra alors sur l’entraînement, devant faire la division entre leur lien et l’instant présent. Si les diverses pensées venaient interférer dans ce moment, pour sûr qu’ils manqueraient de temps… Alors, tandis que la demoiselle bataillait dans son esprit, lui fit une démonstration.
Autant le dire, ce dernier serait déçu de sa performance, mais s’il y arrivait du premier coup, cela serait inutile de faire appel à elle. Reprenant son souffle, la frustration se lisait dans son regard, tant envers lui-même qu’au sujet de la demoiselle… Il n’aimait pas échouer et encore moins devant des témoins. Alors, il dilua cette frustration dans diverses questions en l’attentes de réponses. Qu’est-ce que la sagesse de la moniale allait pouvoir conseiller au Kumojin ?

Désillusion totale, la dame venait à vite dire certaines vérités au jeune homme qui tomba de haut. Pour lui, tout était question d’effort et de volonté, alors là, il allait falloir briser des codes qu’il s’efforce d’appliquer depuis des années maintenant. Ses pensées négatives disparurent totalement quand elle saisit ses mains, lui faisant redresser le regard vers elle. Pourquoi diable son cœur a-t-il manqué un battement ? Pourquoi ce contact le surprend ? Clignant un peu des yeux, il met vite cela de côté, ne voulant pas que son propre esprit l’embrouille.
Hariken étala donc sa science qui fascina le jeune homme sur le coup. Comme il l’avait imaginé, les éléments étaient tous uniques et leur fonctionnement aussi. La foudre selon Hotaru était comme elle avait dit, un mélange de puissance et stabilité, mais en y repensant, l’eau est en effet très différente de cet élément ! Sa métaphore faisait sens aux yeux du Kumojin qui imaginait la scène et il comprit que maîtriser le Suiton serait compliqué, mais additionner eau et foudre encore plus !!! Mais ça, ce n’est pas le sujet du jour. Et dire que les Raïga maîtrisent cette addition à la perfection… Pour un peu, le shinobi serait admiratif de ces derniers.

« Je vois… »

Retirant en douceur ses mains des siennes, la caresse produite fit frissonner le jeune homme et il acquiesça devant ses dires. Débutant donc une petite marche, ils avaient ainsi tout le loisir de découvrir les lieux et la beauté de ces alentours. C’est reposant, au point de s’imaginer avoir une demeure dans le coin plus tard. Malheureusement… la retraite c’est encore loin et encore… s’ils survivent d’ici là !
Le Kumojin est extirpé de ses pensées que la Kirijin se montre curieuse. La question arrache un sourire au jeune homme manieur de foudre et tandis qu’ils marchent paisiblement, il la regarde de temps à autre, restant rêveur sans totalement s’évader de trop. Elle est son point d’attache en cet instant.

« Pourquoi le Suiton ? Hmmm… Bonne question. La réponse la plus simple et logique qui soit, c’est que cet élément renforce le Raiton. En plus de son côté polyvalent, mais… »

Devait-il le lui avouer ? Hmmm… Lui qui avait généralement une image sérieuse, il risquait de briser cette image qu’il laisse autour de lui. Et si le regard d’autrui n’est pas en général ce qui le retient, le regard de la Kirijin compte plus qu’il ne voudrait le laisser croire. Alors, c’est presque timidement qu’il demande.

« Tu ne rigoleras pas, ok ? »

Avait-il honte de la suite ? Ou d’un possible jugement de celle-ci ? Quoi qu’il en soit, après s’être mordu un peu la lèvre, il laissa libre court à ses récits.

« … J’y trouve une certaine beauté dans cet élément. Dans chaque élément d’ailleurs, c’est pour ça que j’envisage plus tard d’apprendre le doton et katon par exemple. Le côté pratique du Suiton est une des raisons qui me pousse à l’apprendre, mais… il y a sa beauté aussi qui m’intrigue. Attention… Quand je dis beauté, je ne vois pas cela comme juste quelque chose de beau, tout est rose etc. Non ! J’y vois une beauté à double tranchant. A l’image de sa fluidité mais aussi son côté vicieux comme tu dis. Je trouve qu’il… me correspondrait tout simplement. »

Et oui… Même si le sérieux est un des premiers traits qu’on remarque chez lui, un côté rêveur et poétique se cachait du regard d’autrui. L’homme aimait voir le monde de cette façon, interpréter des symboliques plutôt que voir les choses bêtement comme elles sont. Ainsi, c’est comme ça que la demoiselle passait de « ennemie » à autre chose depuis le temps. S’il réfléchissait au minimum de ses capacités comme beaucoup le font… les étrangers à son village seraient tous des ennemis tout simplement. Mais en Hariken, il avait ressenti quelque chose et pas que de l’attirance des plus troublante !

« La foudre est vive, brutale, mais précise. Plus affinée que la terre, qui est plus hmmm… rustre. L’eau est fluide, délicate, mais… bien maîtrisé, il en devient un élément impétueux aussi ravageur quand cela devient un maelstrom. C’est cette polyvalence qui me fascine. Cette beauté apparente aussi. »

Souriant timidement, il se frotta doucement la nuque avant de rire nerveusement.

« Drôle de vision tu ne trouves pas ? Haha… Je me doute que tout les shinobis ne pensent pas ainsi, plus attirés par la puissance tout court… Mais moi, c’est ainsi que je fonctionne. »

Assumant malgré tout, il essayait de garder la face. Restait à voir si celle-ci allait quelque peu le rassurer quant à sa façon de penser, ou rigoler comme bien des gens feraient. Au fond, il ne lui en voudrait pas, mais pour elle comme pour une ou deux autres personnes, il se demande comment elle réagirait.

Ils arrivaient enfin vers un petit ruisseau pas trop agité, mais point statique pour autant. Pointant l’endroit, il attendit qu’elle confirme si cet endroit était assez bien pour l’entraînement, auquel cas, ils reprendraient la route pour trouver l’endroit idéal.
D’une manière, l’homme s’était un peu plus dévoilé à celle-ci sans réellement s’en rendre compte. Et le meilleur dans l’histoire, s’était qu’il ignorait pourquoi. Se serait-elle infiltrée dans sa carapace pourtant censée être à toute épreuve ? En effet… le suiton est vicieux c’est sûr ! Pourtant, si tel était le cas, il ne voyait pas ça comme une mauvaise chose, car garder tout pour soi, c’est souvent le meilleur moyen d’exploser et en Hariken, il trouvait presque une confidente sûre, malgré leurs différends. Comme quoi, la vie est pleine de surprises ! Mais quelle serait la vision de la Mizukara ? L’avenir nous le dirait !

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