[FB] Deux frères, deux fauves — Inuzuka Hakari

— An -12, Tsuchi no Kuni

Les bonnes habitudes ne changeaient pas, Kamisaka était toujours là, dans cette clairière qu’il avait établi comme son territoire. Elle était ni trop éloignée des siens pour lui permettre de les rejoindre sans accroche en cas d’incident, mais ni trop proche pour ne pas être perturbé par d’autres enfants qui voudraient jouer avec lui. La compagnie des petites gens le dérangeait et il sélectionnait avec parcimonie les gens avec lesquels il pouvait s’amuser, tel était le privilège de Kamisaka, enfant star des Hyuga.

Sandwich à la main, l’enfant à la chevelure blanc dévorait ce repas préparer par sa mère avant qu’il ne s’enfuit dans ce saint domaine. Qu’est-ce-que c’est bon putain ! Les choses simples de la vie, un sandwich et un endroit de toute beauté dans lequel il pouvait rêver sans que rien ne puisse briser son havre de paix.

Enfin, c’était ce qu’il croyait. Ce n’était pas sans compter la présence d’un animal indésirable qui avait probablement pour seul but de perturber cette collation. Un chien noir, étrange, avant de faire de cet endroit son repaire Kamisaka avait exploré la zone fond en comble et il était quasi sur de ne pas avoir croisé le moindre chien. Il avait répertorié les différents animaux de la clairière et celui la ne figurait clairement pas dans la liste.

— Eh ! Rentre chez toi, j’sais pas ce que t’es venu faire ici mais y à rien à gratter mon pote. Pour inciter l’animal à décaler, Kamisaka faisait de grands gestes à l’aide de ses bras mais il n’en était rien.

Malgré tout, la persistance de l’animal finit par attendrir le cœur de pierre du Saruta. Il partagea sa pitance, et fit de ce chien une bête heureuse. L’instant d’après, un jeune garçon entre lui haut-aussi dans la clairière, ce qui n’est clairement pas au goût du Hyuga, il avait pu tolérer la présence d’une bête sauvage, mais pour un homme c’était trop lui demander. Attrapant une pierre, l’apprenti shinobi s’apprêtait à caillasser en bonne et du forme ce nouvelle arrivant comme tout bon xénophobe. Mais en voyant le chien retourner vers lui, Kamisaka comprit qu’il s’agissait de son maître, ou au moins de l'une de ses connaissance.

— T’es en zone minée mec, fais belek y à des droits de passage à payer. Assit sur un arbre, il faisait rebondir la pierre dans ses mains. Et puis j’ai nourri ton chien, rembourse.

Il ne savait pas qui il était, ni ce dont il était capable mais une chose était sûre, personne ne pouvait fouler du pied son territoire et lui dicter ses règles. On se soumettait, ou on partait.

Inuzuka Hakari s'approcha de la clairière avec précaution, observant la scène depuis l'orée de la forêt. Ses yeux sombres, empreints d'une timidité presque mystique, étaient rivés sur Kamisaka, l'enfant aux cheveux blancs, qui faisait face à un chien noir nommé Akumu, apparemment intrusif. C'était une situation inhabituelle pour Hakari, qui était habitué à jouer avec d'autres enfants, mais généralement uniquement avec ceux de son propre clan (Inuzuka). Quant au chien, il le reconnut immédiatement : il était son gardien et ami.

L'étranger se sentit mal à l'aise de voir son fidèle compagnon perturber quelqu'un d'autre, mais il ne voulait pas non plus laisser Kamisaka penser qu'il était hostile. Un soupir nerveux s'échappa de ses lèvres pâles tandis qu'il s'avançait prudemment dans la clairière. Sa voix douce, à peine plus qu'un murmure, traversa l'air cristallin :




Une tension subtile flottait toujours dans l'air, comme une brise légère qui attendait de se transformer en tempête. Hakari, qui évitait soigneusement le regard de Kamisaka, continua :





Un silence tendu enveloppa la clairière, et Hakari sentit le poids de l'incertitude peser sur ses épaules frêles. Il n'était pas sûr de ce qu'il devait faire ensuite, comment il pouvait se rapprocher de de l'autre gamin malgré sa timidité profonde. Pourtant, il espérait que cette offre de partage, simple et sincère, pourrait apaiser la situation.

Assis sur sa branche, Kamisaka regardait d’un œil mauvais l’enfant qui avait pénétré au sein de son sanctuaire. Il ne l’avait véritablement jamais vu ici et la sûreté avec laquelle se déplaçait cet enfant montrait qu’il se sentait en zone minée et le Saruta devait prendre avantage de cette position dominante qu’il avait acquise. Se relevant sur sa branche, le garçon resta debout comme pour accentuer la distance séparant les deux jeunes hommes. Akumu ? C’est un joli prénom pour un chien.

Son regard se durcit alors et il prit une voix plus rauque, comme si son but était maintenant d’effrayer le garçon qu’il avait en face de lui. Lui faire peur pour affirmer son autorité, puéril n’est-ce pas ? Mais pouvait-on en attendre plus d’un enfant ?

— Et toi ? Tu n’as pas de nom ? Il croisa des bras comme le faisait son père dans le seul but d’affirmer son autorité. Quand on est poli on se présente avant de commencer à raconter sa vie.

Quant au dédommagement, c’était maintenant tout vu, la petite idée qui venait de germer dans son esprit l’avait séduit et maintenant rien ne pourrait le détourner de ce nouvel objectif. Pointant du doigt la cible de ses convoitises, Kamisaka comptait imposer son désir au pauvre enfant perdu.

— Ton chien, donne le moi. Il continua de pointer du doigts le pauvre Akumu qui se retrouvait maintenant au milieu d’une histoire qui le dépassait. Tu peux garder ton goûter, j’ai déjà mangé merci.

Toujours debout sur sa branche, le petit Hyuga ouvra le livre de contes et légendes qui l’accompagnait partout où il allait. Feuilletant les feuilles rapidement, il s’arrêta à la page qu’il cherchait avant de se mettre à épier le ninken pendant une dizaine de secondes.  Je suis sur qu’il peut devenir un bon détecteur de démon. Les chiens étaient des animaux fidèles et dotés d’une excellente intuition, Kamisaka était persuadé qu’en en ayant un à ses côtés, il serait capable de repérer ces être d’une ancienne ère avant qu’ils ne passent à l’attaque.

— Tu me montres ce qu’il sait faire ? D’un bond, il descendit de l’arbre sur lequel il était fièrement perché pour atterrir en face de l’enfant à la chevelure de jais.

Fermant son livre, Kamisaka jeta un nouveau regard au ninken avant de se retourner vers son maître, si on pouvait encore l’appeler ainsi désormais.

Inuzuka Hakari, les yeux toujours baissés, était conscient de la pression grandissante dans la clairière. Kamisaka insistait pour qu'il remette Akumu, son chien, et le regard perçant de l'enfant aux cheveux blancs semblait peser sur lui. Mais ce dernier ne pouvait pas se résoudre à se séparer de son fidèle compagnon.

Hakari prit une profonde inspiration, cherchant le courage de s'exprimer malgré sa timidité. Il n'avait jamais été un génie du combat, de l'apprentissage ou quoi que ce soit. Pas plus brave qu'un autre, il était le garçon moyen parfait.

Sa voix était douce mais résolue. "Je ne pourrais jamais donner Akumu," dit-il doucement, ses mots trahissant sa détermination. " il est comme un frère pour moi, nous sommes inséparables." Il posa sa main sur la tête d'Akumu, qui le regardait avec une loyauté inébranlable.

Le caractère du chien contrebalançait avec celui de son maître : il avait tendance à vite montrer les crocs à la moindre menace. Même les plus inoffensives. Un animal reste un animal. Akumu était un chien dressé pour obéir et défendre à tout prix. Cela pouvait aisément se ressentir.

Le gamin tapa dans son sandwich de la hess avant de poursuivre, hésitant "Je m'appelle Hakari du clan Inuzuka." puis il rangea son goûter dans sa poche "On n'a qu'à devenir amis !" lança t-il en tendant sa main pleine de miettes qu'il secoua rapidement après s'en être rendu compte "Tu as l'air trop fort, à trois c'est sûr personne ne peut nous battre."

Deux clans différents, deux éducations différentes, deux buts différents. L'un souhaitait lever la brume qui pesait sur l'histoire de sa famille et assurer une victoire. L'autre désirait découvrir le monde, en apprendre plus sur les autres et être un bon fils.

Comment pouvaient-ils se comprendre ?

Le Hyuga fût quelque peu surpris de la réponse du jeune homme qu’il avait en face de lui, c’était la première fois qu’on lui refusait quelque chose et le choc de cette nouvelle le choqua un petit peu. En voyant ce jeune homme aux airs si timides, probablement même apeuré par l’assura que le Hyuga avait, faire l’effort de parler et lutter pour ce qui semblait lui tenir à cœur ne pouvait qu’emouvoir le cœur du petit Kamisaka.

— Je rigolais, c’était un prank ! Dit-il en levant les mains en l’air. Les frères c’est sacré, personne n’y touche. Pas vrai ?

Kamisaka ne pouvait s’imaginer ce qu’il aurait pu faire -ou tout simplement dire- si une personne se pointer face à lui en prétendant vouloir emporter son frère. Le courage que ce prénommé Hakari avait trouvé pour défendre sa fratrie touchait encore plus le Hyuga, qui semblait maintenant pouvoir s’identifier au dresseur de chien.

Face à cette main tendue, le Hyuga hésita quelque peu avant de finalement la saisir. Ils étaient fait du même bois, et il fallait probablement plus de personne comme lui, comme toi, pour que ce monde fonctionne normalement. Tendant lui aussi sa main, il afficha un sourire honnête pour montrer à quel point lui aussi était ravi de la création de cette amitié.


— Hyuga Kamisaka, mais tu peux m’appeler Saka. C’est plus rapide.

Le regard du Hyuga, un peu gêné de la flatterie de son nouvel ami se reporta sur le chien. Il avait déjà entendu parler de ce clan, leur férocité n’avait d’égal que leur loyauté et il faisait parti d’un des rares clans dont son paternel lui avait ordonné de prendre garde à ne pas s’en faire un ennemi.

— Au moins autant que toi !  Il mima des crocs avec ses mains. Mon père m’à toujours dit de me méfier de l’eau qui dort...

Et à raison, si cet Hakari semblait extrêmement bienveillant, Kamisaka doutait fortement qu’un clan aussi proche des siens que les Inuzuka ne puissent laisser un enfant incapable de balader seul dans la forêt.