[FB] Les dons de mère Nature - Ft Terumi Ushio

Mizuki avait gagné le droit de s'octroyer quelques jours de répit bien mérités, une pause loin des missions et des responsabilités du village. Elle avait entendu parler d'une plante mystérieuse, capable d'éveiller l'esprit et de dévoiler des secrets insoupçonnés sur la vie et l'univers.

Un vieil homme lui avait parlé de cette plante lors d'une de ses visites au village. Intriguée et avide de nouvelles découvertes, Mizuki avait contacté des spécialistes, des herboristes et des experts en plantes, et avait planifié une rencontre avec l'un d'eux au Pays de l'Ours.
Ce jour-là, vêtue de façon décontractée mais prête à l'aventure, Mizuki avait pris la route vers le Pays de l'Ours. Son kimono léger flottait légèrement au vent, ses pas légers et déterminés, elle avait hâte de satisfaire sa curiosité.



Mizuki arriva finalement au lieux de rendez-vous : un vieux moulin à eau abandonné, un lieu déserté par le temps mais chargé de mystère. Les rouages rouillés et les pales immobiles témoignaient de jours révolus où l'activité de ce moulin était à son apogée.
Elle s'approcha lentement, observant chaque détail de cette architecture, les briques usées par les intempéries, les planches de bois qui semblaient se raconter elles-mêmes des histoires d'autrefois. Mizuki s'adossa au mur, laissant ses doigts effleurer la texture rugueuse du vieux bâtiment, empreinte du passage des saisons.

Fermant doucement les yeux, elle se laissa bercer par l'atmosphère tranquille et l'harmonie paisible du lieu. Une légère brise, délicate et fraîche, vint lui caresser le visage, apportant avec elle les parfums mêlés de la végétation environnante.
Ses sens s'éveillèrent à chaque élément : le murmure léger du vent entre les feuilles, le clapotis presque fantomatique de l'eau, le doux chant des oiseaux venant briser le silence du moulin endormi.

Tout était si paisible... que pouvait il se passer de mal ?

Le voyage du pays de l'Eau au pays de l'Ours était relativement rapide, les deux nations étant reliées directement par la mer. Je n'avais donc pas perdu de temps, et n'allaient certainement pas rencontrer de difficultés pour mener à bien cette mission. Une mission relativement basique, quand bien même la nature des marchandises était on ne peut plus inhabituelle, encore que. Le lieu de rendez-vous avait été choisi par mes pairs, les anciens, qui avaient le pouvoir de décision et je n'étais qu'un engrenage dans ce mécanisme bien huilé, qu'était le trafic de pavot et par extension d'opium. En l'occurrence, je n'étais que le livreur.

J'étais arrivé avec quelques minutes d'avance au lieu de rendez-vous, et n'ayant pas encore vu la cliente, je m'étais positionné sur le toit de la bâtisse, un vieux moulin à eau à l'abandon, dont les rouages rouillés laissaient à penser qu'il n'avait pas servi depuis des années. Pour cette fois, il avait été décidé que je serais seul. Certainement voulaient ils me tester, et je devais donc prouver que je pouvais m'en sortir par moi-même, sans compter que la marchandise était particulièrement précieuse, et que le secret se devait d'être gardé du mieux possible. Je m'allongeais alors doucement sur le toit, profitant du calme et d'un vent léger qui était bien agréable en cette saison, celui-ci faisant virevolter mes cheveux alors que je fermais les yeux, pensif, profitant d'un répit bien mérité au vu des nuits agités qu'étaient les miennes.

J'avais effectué un rapide tour de repérage, en amont de la rencontre, la routine en sommes, afin d'être certain que nous ne serions pas surpris, ou dérangés d'une quelconque manière. Un de mes clones se trouvait d'ailleurs encore dans les fourrées, afin d'être certain que rien n'allait perturber le bon déroulement de la transaction. Pour autant, j'entendis presque aussitôt quelqu'un s'approcher de la bâtisse. Sans un bruit, rapidement, je me redressais alors et venait à m'approcher du rebord pour observer en contrebas, aussi discrètement possible.

- Longs cheveux blancs, silhouette solide, grande et à peu près mon âge, ça doit être elle.

Marmonnais-je pour moi-même, avant d'enfiler mon capuchon, et d'un bond, descendre en contrebas, atterrissant dans l'herbe avec légèreté, à distance moyenne de cette dernière qui semblait avoir les yeux fermés, profitant du calme du lieu comme ma personne auparavant. Je décidais alors de briser le silence aussitôt, avant d'essuyer une offensive fortuite :

- Mademoiselle Senju, je présume ?

Je l'observais du mieux que je pouvais, malgré le capuchon qui laissait une partie de mon faciès dans l'ombre, histoire d'être plus difficilement reconnu. Celle-ci s'avérait plus grande que moi, d'une petite dizaine de centimètres peut-être, difficile d'estimer à pareil distance. Elle était vêtue d'un kimono léger, qui savait définitivement la mettre en valeur, de ce que mes yeux émeraudes pouvaient voir. Pour autant, l'heure n'était pas à ce genre d'affaires, mais bien au commerce.

- J'ose espérer que vous n'avez pas été suivie ? Quelqu'un patrouille dans les fourrées alentours, le cas échéant, mais il serait dommage d'interrompre la transaction s'il venait à y avoir de mauvaises surprises. Je suis le membre du clan Terumi avec qui vous ferais affaire aujourd'hui, j'espère que vous n'y voyez pas d'inconvénients.

J'esquissais un sourire sous mon capuchon, alors que je m'approchais quelque peu pour lui tendre la main, cordialement.

"Mademoiselle Senju, je présume ?"

Le visage caché de l'inconnu contrastait avec l'image qu'elle s'était formée dans son esprit. Elle avait envisagé la rencontre avec un sage ermite, un gardien des secrets de la nature, mais l'apparence du jeune homme défiait ces attentes. Cependant, Mizuki, habituée à l'inattendu, se laissa guider par la curiosité plutôt que par la déception.
S'approchant avec un pas déterminé, Mizuki rompit la distance qui les séparait. Un grand sourire illuminait son visage alors qu'elle tendait la main pour saluer le mystérieux arrivant. "En personne !" dit-elle d'une voix chaleureuse, ses yeux exprimant la bienveillance qui la caractérisait.
"J'ose espérer que vous n'avez pas été suivie ? Quelqu'un patrouille dans les fourrées alentours, le cas échéant, mais il serait dommage d'interrompre la transaction s'il venait à y avoir de mauvaises surprises. Je suis le membre du clan Terumi avec qui vous ferais affaire aujourd'hui, j'espère que vous n'y voyez pas d'inconvénients."

Une ride d'intrigue se creusa entre les sourcils de Mizuki. Pourquoi un membre du clan Terumi prenait-il autant de précautions pour une simple plante ? Les propriétés de celle-ci étaient-elles si uniques qu'elles risquaient d'attirer l'attention indésirable de tiers ? Elle se demandait quel mystère entourait cette transaction en apparence anodine.
Mizuki répondit avec assurance, "Je suis presque sûre de ne pas m'être fait suivre. J'ai l'habitude de me déplacer discrètement. J'ai connu plus de temps de guerre que de temps de paix, c'est une seconde nature pour moi." Elle laissa transparaître un soupçon de mélancolie dans son regard. La paix dans le monde, surtout pour son clan, était une réalité récente et parfois difficile à accepter. Les cicatrices du passé restaient ancrées en elle."Aucun problème, je n'ai encore jamais rencontré un représentant du clan Terumi... je ne savais pas que vous étiez réputé pour vos talents d'herboriste !" Elle se pencha vers lui pour conclure à voix basse : "Pour vous dire la vérité j'ai toujours entendu dire que vous étiez des gars assez louches..."
Encore une fois les talents de diplomate de la jeune femme n'étaient pas à prouvé...

Alors que la discussion allait tourner vers les affaires, Mizuki ne pouvait s'empêcher de se poser des questions. Son esprit curieux s'interrogeait sur la nature exacte de la plante en question. Quels secrets renfermait-elle, et pourquoi était-elle si prisée au point de nécessiter une telle discrétion ? Les pensées de Mizuki se mêlaient à son désir d'explorer de nouveaux horizons, mais aussi à une pointe d'inquiétude face à l'inconnu.
"Je suis curieuse " commença-t-elle avec un sourire intrigué "sur les propriétés de cette plante. On m'a dit qu'elle pouvait ouvrir l'esprit à de nouvelles perspectives. Mais pourquoi toute cette prudence ? Qu'est-ce qui rend cette plante si spéciale ?" La Senju tenta de sonder les yeux du membre du clan Terumi sous sa capuche, cherchant des réponses dans ses expressions.

Je venais donc à serrer la main de la Konohajin, toute proportion gardée, avec une simple cordialité et un sourire de façade, comme bien souvent lors de ce genre de rendez-vous. Car si elle ne semblait pas vraiment avoir l'idée de ce que je m'apprêtais à lui refourguer, je savais, de mon côté, les effets que pouvaient provoquer le pavot, ou devrais-je dire l'opium qui en découle. L'extase, la relaxation, ou encore l'insensibilité à la douleur étaient rapidement balancés par une difficulté à coordonner ses mouvements, et dans le cadre d'une prise irresponsable, d'hallucinations plus vraies que natures.

Si le Daimyo avait tenté de réglementer la chose au sein du village de Kiri, il n'était pas rare de voir des types effondrés dans les ruelles sombres, à des heures bien trop tardives. Après tout, ce n'était qu'un mal de plus qui gangrénait le pays de l'Eau, nous n'étions plus à ça près.

Je relâchais donc la main de cette dernière, captant quelque chose dans son regard qui ne m'était, hélas, pas inconnu. Si j'arrivais à contenir, ou devrais je dire juguler mes émotions, ce n'était pas chose évidente pour tout le monde, et je pouvais le concevoir. Je n'avais jamais eu vent de l'histoire de Konoha, ou en tout cas, seulement dans les grandes lignes. Après tout, un de leurs principaux clans s'était finalement retrouvé au sein de Kiri, et avait été l'orchestrateur de massacres inhumains, qui avaient laissés des traces. Si la Senju était observatrice, elle pourrait aisément voir que, n'ayant pas pris soin de marquer mes yeux, des cernes étaient présentes, signe que mes nuits étaient probablement des plus agitées, et ce, à répétition.

- Oh, je peux le concevoir, oui. Nous avons eut nous aussi notre lot de déboires, si je puis dire, avec l'arrivée d'un ancien clan du village de la Feuille au sein de notre cité.

Je ne préférais pas m'étaler en palabres, ou donner d'opinions trop personnelles, après tout, ce n'était qu'une cliente, et il fallait mener la vente à bien, il n'y avait pas de temps pour des tergiversations autres. J'écoutais néanmoins la suite de ces propos, et soufflait un léger rire, un brin amusé par la remarque de cette dernière, sur notre aptitude à paraître louches pour tout les clans extérieurs, et même parfois internes à Kiri. Elle n'avait pas l'air spécialement douée en diplomatie, c'était une conclusion assez évidente, mais elle semblait à défaut, emprunte d'une joie de vivre communicative.

- Eh bien, je ne peux décemment pas vous livrer nos petits secrets en la matière, mais sachez simplement que nous avons la main verte, voilà tout. Et, pour ce qui est d'être louche, il faut simplement savoir entretenir une part de mystère, c'est plus amusant, vous ne pensez pas ?

Mon regard se redressait après qu'elle ait parlé à voix basse, abaissé auparavant sur deux atouts qui se voulaient mis en évidence, de par la tenue légère qu'elle portait. Je venais à fouiner dans une poche de ma tenue, et en ressortait une toute petite besace, que j'ouvrais alors après l'avoir déposé au creux de ma main. Dans cette petite poche, une dizaine de "boules" d'opium, dérivés de la culture du pavot.

- Vous pouvez tâter la marchandise, si vous le désirez, il n'y a aucuns risques d'en subir les effets en ne faisant que la toucher, si ça peut vous rassurer. Et en parlant des effets, justement, permettez moi de répondre à votre question.

J'esquissais un léger sourire en coin, alors que mon regard émeraude plongeait dans l'ambré du sien.

- Comme on vous l'a dit, celui-ci aide grandement à ouvrir son esprit. De quelle façon, me direz vous ? Eh bien, dans un premier temps, il permets un état de relaxation tel qu'il vaut peut-être mieux être assis, voir allongé, en consommant la chose. Ensuite, vous vous sentirez parfaitement bien, comme si tout vos problèmes étaient bien loin, un échappatoire temporaire à votre vie actuel, si je puis dire.

Je venais déposer la petite bourse dans la main de la Konohajin, alors que peu à peu, une brume tiède venait nous envelopper, s'échappant de tous les ports de ma peau, rendant l'atmosphère plus mystérieuse. Je ne quittais pas son regard, et entamais de tracer des formes dans la brume, tâchant de représenter du mieux que je le pouvais, les choses que j'énoncerais dans quelques secondes. En poursuivant mes explications, j'haussais quelque peu la voix, pour rendre la chose plus grandiloquente.



- Puis vient l'extase, l'orgasme, et enfin.. Les visions d'un autre monde, ou peut-être de celui dans lequel nous sommes, qui sait réellement, au final ? Les rivières, la forêt, de petits papillons, ou bien d'autres choses, des images aléatoires, apparaissant au rythme de votre esprit vagabond.

Puis finalement, d'un mouvement de main, la brume se dissipait, et je reprenais contenance, un fin sourire aux lèvres néanmoins, la brume ne s'échappant plus de mon corps non plus.

- Pour la durée des effets, vous pouvez partir sur une moyenne de quatre heures. Il se peut que ça soit plus long, mais ça excèdera rarement les six heures. Et ma foi, si vous voulez essayer la chose, parce que vous n'êtes pas convaincue, ou pour satisfaire votre curiosité, j'ai le nécessaire pour, également.

Le mystérieux jeune homme, tout en maintenant un certain mystère autour de son identité, commença à décrire avec passion les effets extraordinaires de la plante tant convoitée. Mizuki écoutait attentivement, ses yeux s'écarquillant de plus en plus au fur et à mesure que les propriétés incroyables de la substance lui étaient dévoilées.

"Incroyable..." murmura-t-elle, conquise par les récits du jeune homme. Mizuki semblait avoir pris pour acquis chaque mot prononcé, sans douter une seule seconde de la véracité de ses allégations. Sa réaction révélait sa naïveté et son manque d'expérience dans ce genre de transactions. Pour elle, c'était comme découvrir un monde nouveau, une expérience à laquelle elle se livrait avec une confiance peut-être un peu trop aveugle.

La brume qui avait commencé à s'insinuer autour d'eux ajoutait une dimension mystique à la scène. Mizuki, subjuguée, avait l'impression de s'apprêter à vivre une expérience hors du commun. Alors que le jeune homme déposait dans le creux de sa main une petite bourse remplie de boulettes créées avec la substance décrite, la jeune femme se mordilla les lèvres, captivée par la magie qui semblait émaner de cette plante. La brume disparut aussi mystérieusement qu'elle était arrivée, laissant Mizuki dans un état d'émerveillement.

"Vous êtes incroyablement convaincant..." dit-elle avec un petit sourire. Elle avait remarqué que le regard du jeune homme avait quelque peu dévié sur sa généreuse poitrine, mais elle ne s'en formalisa pas. "Vous avez des yeux incroyables," ajouta-t-elle maladroitement, cherchant à détourner l'attention, peut-être pour gagner du temps.
Car au milieu de son excitation palpable, une autre sensation émergea chez Mizuki, une sensation inhabituelle : la peur. Les effets de la plante semblaient si incroyables, mais cette réalisation s'accompagnait également du doute et de l'appréhension. Et si elle se laissait emporter par les sensations enivrantes au point de perdre le contrôle ? Une tension subtile émergea dans son esprit, laissant planer l'ombre d'un risque qu'elle n'avait peut-être pas entièrement anticipé.

Mizuki, la gorge sèche, prit une profonde inspiration pour surmonter son appréhension. Elle n'était pas du genre à dissimuler ses émotions, préférant une franche communication. Elle tourna son attention vers le mystérieux vendeur et partagea ses inquiétudes sans détour.

"Je dois reconnaître que ça m'angoisse un peu de tester ça..." avoua-t-elle, un léger rire nerveux accompagnant ses mots. Elle sortit une boulette entre son pouce et son index, l'observant avec un brin d'anxiété. "Le membre de mon clan m'a dit qu'il avait touché l'illumination du bout des doigts avec ça... mais que se passerait-il si je perds le contrôle et que je fais n'importe quoi ?" Une vision effrayante s'imposa dans son esprit, celle de déambuler nue dans le village le plus proche, dévorant les habitants. Elle chassa rapidement ces pensées irrationnelles.

Elle se mordit à nouveau les lèvres, détournant son regard de la boulette pour le poser sur l'inconnu. "Je vais vous demander quelque chose de peut-être un peu spécial... mais vous pensez que vous pourriez rester avec moi le temps que j'essaie ? Je serais plus rassurée..." Elle était consciente que c'était une demande inhabituelle, mais sa vulnérabilité transparaissait dans ses yeux. Même si elle n'avait aucune raison de faire confiance à cet homme, elle se fiait à son instinct. Il semblait louche, mais il n'avait pas l'air mauvais.

- Vous êtes incroyablement convaincant...

J'esquissais un léger sourire en coin, à ce premier compliment. Il faut croire qu'il en fallait peu pour impressionner les habitants de la Feuille, et ma démonstration semblait avoir fait mouche. Je n'avais pas l'habitude de sortir le grand jeu, à vrai dire, mais la chose était néanmoins on ne peut plus amusante que des palabres classiques, et ce joker marchait à chaque fois, comme il semblait avoir fonctionné pour la jeune femme.

Tandis que je m'apprêtais à renchérir, un nouveau compliment arriva jusqu'à mes oreilles. Si celui-ci n'était pas pour vanter mes mérites de marchand, je ne m'en offusquais pas le moins du monde, bien au contraire. Je restais même quelque peu bouche bée, face à celui-ci, et une légère teinte rose venait à se faire voir sur mes joues, un bien court instant alors que je tâchais de reformer ma carapace mentale habituelle.

- Oh, mh.. Je vous remercie.

J'aurais bien aimé la complimenter en retour, car il y avait résolument de quoi faire, au niveau des compliments à son égard, et surtout au niveau de son physique, mais je tâchais de me refreiner, cela aurait pu être mal vu, lors d'une transaction, et je sentais encore le doute planer dans ses pensées lorsque celle-ci vint à récupérer une des boulettes de la petite bourse que je lui avais confié, pour l'observer longuement, sous toutes ses coutures.

- Le membre de mon clan m'a dit qu'il avait touché l'illumination du bout des doigts avec ça... mais que se passerait-il si je perds le contrôle et que je fais n'importe quoi ?

Je soufflais alors un léger rire, un brin amusé par la réflexion de cette dernière, avant de renchérir calmement.

- Comme je vous l'ais dis, l'état de relaxation dans lequel vous vous trouverez est tel qu'il sera plutôt difficile pour vous d'aligner un pas devant l'autre, pour ainsi dire. Quand au fait de faire n'importe quoi, il est évidemment que même sous l'effet de cette herbe, vous garderez tout de même un tant soit peu votre libre-arbitre, aussi, il serait très étonnant que vous fassiez "n'importe quoi".

Elle vint ensuite à se mordiller les lèvres, puis reposa son regard inquiet sur moi.

- Je vais vous demander quelque chose de peut-être un peu spécial... mais vous pensez que vous pourriez rester avec moi le temps que j'essaie ? Je serais plus rassurée...

Je clignais un brin des yeux, surpris par tel demande. Si j'avais l'habitude de refourguer la marchandise, c'est bien la première fois qu'on me demandait de rester afin de m'assurer que le consommateur ne face pas de conneries suite à la consommation. N'avait elle donc aucunes notions de politique, de méfiance ? Était-elle si niaise et innocente qu'elle voulait bien le laisser croire ? Sous les effets de cette drogue, ses capacités seraient diminuées, et si je décidais de l'éliminer, je n'aurais guère de mal à le faire. L'idée m'avait effleuré l'esprit, mais après tout, elle ne m'avait rien fait, bien au contraire, et elle allait potentiellement devenir une cliente régulière, aussi, cela ne m'apporterait rien que de la neutraliser.

- C'est, mh, une demande pour le moins inhabituelle, je dois avouer.

D'une autre poche de ma tenue, je venais alors à sortir une pipe que je tendais à cette dernière, un léger sourire, mais néanmoins sincère aux lèvres en croisant son regard.

- Si c'est votre seul réticence, alors je veux bien palier à ce problème en restant à vos côtés. Tenez, vous n'avez qu'à placer une boulette à cet endroit, et je me chargerais d'allumer cette dernière, si cela vous va.