[FB] Gris vs blanc 2

En pleine pause pendant une mission qui m'avait été assignée au Pays de l'Herbe, je prenais un peu de temps pour me restaurer afin de reprendre des forces. Pour cela, je dégustais lentement un bol de nouilles, savourant la moindre des bouchées comme s'il s'agissait de mon tout dernier repas. L'endroit était relativement calme, même si je pouvais aisément entendre les discussions de certaines personnes, sans pour autant qu'elles ne m'intéressent le moins du monde. Toutefois, mon attention se détourna de celles-ci lorsqu'un bruit suivi de paroles m'interpellèrent. En relevant la tête pour analyser la chose, je me rendis très vite compte qu'il s'agissait d'un individu à la chevelure blanche dont le visage et l'apparence de façon générale me disait quelque chose.

— Oh, c'est toi ! Le Hyûga du Pays du Gel ! Ça fait un bail !

C'était cet homme que j'avais affronté lors d'une mission à Shimo no Kuni, pour récupérer un cadavre. La confrontation s'était terminée sur une victoire de mon côté mais j'avais, depuis, espéré le revoir un jour pour potentiellement remettre ça dans de meilleures conditions. Après tout, je ne le considérai pas comme un ennemi en soi, il s'était juste trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, comme on dit. De ce fait, lorsqu'il me proposa lui-même de recommencer, je m'empressai de saisir l'occasion en amenant d'un geste rapide mon bol à ma bouche pour engloutir ce qu'il restait à l'intérieur comme un goinfre. Puis, je me levai, laissant la monnaie sur la table pour me diriger vers le Hyûga de quelques pas.

— Allez, si l'coeur t'en dit, on sort ! Merci tavernier !, répliquai-je en saluant le tenancier du bâtiment.

Ceci dit, je le laissai se lever à son tour avant de reprendre.

— J'te suis !

Lorsque le Hyûga se leva de sa chaise, il se dirigea ensuite vers la sortie du bâtiment. Je n'avais alors qu'à le suivre jusqu'à l'endroit qu'il choisirait pour notre affrontement. C'était une petite plaine déserte, sans danger pour qui que ce soit, ce qui nous permettrait d'agir de la façon dont nous le souhaiterions sans craindre la moindre conséquence. Autant dire que l'endroit était parfait pour la suite.

Une fois en place, le blanc m'indiqua qu'il avait changé et qu'il espérait ne pas me décevoir lors de ce "match retour". En soi, je n'en doutais pas vraiment. Même si je l'avais vaincu la première fois, j'avais vu un certain potentiel en lui. Il ne restait plus qu'à voir s'il l'avait éveillé, entre temps.

— Tout c'que j'souhaite, c'est un combat où j'm'éclate !, répondis-je du tac-au-tac.

Suite à cela, il se recula de façon à se tenir à une bonne distance de moi, d'environ quelques mètres, avant de me demander de lui préciser mon nom à l'occasion. Il était vrai que nous n'avions pas vraiment eu le temps d'échanger ce genre d'informations, à Shimo. Après tout, la situation était un peu particulière à ce moment-là. Toutefois, je ne pus pas de suite lui annoncer puisqu'il ne perdit pas une seconde pour entamer le combat. En effet, il réalisa quelques mûdras menant à la création d'une zone quasi-entièrement remplie de roches suffisamment hautes pour permettre de camoufler un être humain de taille "normale". Par conséquent, je ne fus guère en mesure de le voir dès lors qu'une pierre s'était échappée du sol juste devant moi. De ce fait, je n'eus d'autre choix que de passer aux choses sérieuses en prenant mes précautions.

Mon corps changea alors rapidement d'apparence pour afficher une forme plus singulière et malsaine, avant qu'une immense quantité de cellules renforcées ne vienne le recouvrir entièrement pour former une armure quasi-impénétrable. A cet instant, un projectile de taille imposante apparut depuis le côté gauche de la paroi, venant me percuter de plein fouet, provoquant un bruit ressemblant à celui d'un frottement entre deux matériaux métalliques, avant de s'échouer sur le sol sans que la moindre plaie n'apparaisse sur mon corps.

— T'sais bien qu'j'ai la peau dure !, indiquai-je en souriant à pleines dents.

Puis, pour éviter de trop me retrouver en difficulté en terme de vision directe, je fis en sorte de bondir sur le rocher, de façon à trôner à son sommet.



— Au fait, moi c'est Takao, futur Raikage ! Et toi ?

Sans même que je ne m'en aperçoive vraiment, un second Shuriken géant me percuta, toujours sans effet pourtant. Il était parvenu à le camoufler, d'une façon ou d'une autre ? Intéressant, c'était astucieux ! Suite à cela, il me donna son nom à son tour, m'annonçant par la même occasion qu'il avait lui aussi vocation à devenir le prochain Kage de son village. En entendant cela, je ne pus que sourire, comprenant son ambition mais aussi qu'il n'était pas si différent de moi.

Peu après, il décida de continuer ses tentatives, balançant un fumigène sur le terrain. Le point de départ était différent de l'endroit où il se trouvait auparavant, indiquant qu'il s'était donc déplacé. Voilà une information importante que je me devais de retenir. J'avais bien fait de prendre de la hauteur pour avoir une vue plus dégagée...

Seulement, ce qui s'apparentait initialement à un simple essai de camouflage s'avérait finalement plus vicieux que je ne l'aurais pensé. En effet, alors que je venais de recouvrir mes membres d'une lueur bleutée donc j'avais le secret, je me rendis compte qu'une nuée de chauve-souris venait s'abattre sur moi avec hargne, me mordant de toutes parts avec leurs petits crocs. Naturellement, je ressentis une douleur vive dans tout le corps, ce qui me fit grincer des dents. Je compris toutefois rapidement ce qui était en train de m'arriver. Cela ne pouvait s'apparenter à du Ninjutsu classique et, à ma connaissance, le clan Hyûga n'était pas capable de ce genre de choses, en temps normal. A mes yeux, cela ne pouvait donc qu'être un Genjutsu.

— Des chauve-souris ? Hm... Un Genjutsu, hein ? Tu joues à ça maintenant, Kamisaka ?!, m'écriai-je en réaction à la vision ainsi qu'à la douleur qui m'assaillirent soudainement.




Mon corps s'élança à une vitesse prodigieuse, invisible à l'œil nu, pour traverser tout le champ de bataille depuis une position surélevée. En un instant, le nuage de fumée se perfora de part en part, alors que je réapparus en un battement de cils au sommet de la pierre derrière laquelle était censé se trouver Kamisaka. Toutefois, mon sourcil gauche s'arqua et un léger sourire vint s'esquisser entre mes joues lorsque je découvris la présence surprenante d'une créature volante et sombre : une chauve-souris de moins de cinquante centimètre à vue de nez.

Pas le temps de m'attarder sur les détails. Elle n'était pas ma cible, à l'origine, mais en m'étant désormais visible, elle l'était devenue. Quelle était la probabilité pour que ce soit elle qui m'ait attaqué à l'aide de ce Genjutsu ? Assez élevée compte tenu de la présence d'entités de la même espèce dans la vision que j'avais eue. Peut-être me trompais-je et l'initiateur n'était nul autre que le Hyûga lui-même, mais j'en doutais quelque peu. De ce fait, réagissant au quart de tour, je fis en sorte de la frapper à deux reprises à l'aide de coups bien placés au niveau de son abdomen. Mon objectif à ce moment-là était tout bonnement de m'en débarrasser, qu'elle soit une Invocation ou seulement un compagnon de route apprivoisé.



Les impacts furent violents et laissèrent bien vite des marques à cause des griffes se trouvant au bout de mes doigts, par l'utilisation de mes gants spéciaux. Le sang allait couler, à n'en pas douter. Détournant alors le regard en direction du Hyûga, je lui adressai quelques paroles destinées à le taquiner.

— J'savais pas qu'tu t'étais entouré d'une chauve-souris, Kamisaka ! C'est marrant, c'est pas l'genre de bestiole avec laquelle j't'aurais imaginé trainer !

Alors que je venais de me déplacer à toute vitesse, pensant à coup sûr tomber sur le Hyûga de l'autre côté de la fumée, je me rendis très vite compte qu'il n'était tout simplement plus là où je le pensais. Il avait donc profité de la réduction de mon champ de vision pour se déplacer ? Jolie feinte de sa part. Décidément, il savait bien jouer avec le terrain qu'il avait construit. Si ça continuait comme ça, il continuerait d'avoir l'avantage en ayant la faculté de se cacher tout en déterminant ma position avec facilité.

De plus, il y avait un autre souci qui m'embêtait particulièrement. En effet, lorsque je pus poser le pied sur le rocher, à la fin de mon déplacement, je fus une nouvelle fois assailli par cette nuée de chauve-souris.

— Touché une nouvelle fois ? C'est quoi c'bordel ? D'où ça vient, en réalité ?

Grommelant quelque peu, je pus ensuite constater qu'un nouveau fumigène venait d'éclater pour se disperser. Ni une ni deux, cette fois je décidai d'agir pour ne pas le laisser se mettre à ses aises en permanence. Par conséquent, un canon à chakra vint se former sur mon corps, déployant une quantité suffisamment importante pour venir percuter le nuage de fumée de plein fouet et le dissiper immédiatement. Le Hyûga cherchait à garder une certaine distance avec moi et il avait bien raison. Toutefois, je devais moi aussi agir en conséquence. Me laissant alors finalement retomber - après avoir examiné rapidement les alentours - grâce à la gravité pour atteindre le sol derrière le rocher, je pris un petit instant pour réfléchir.




*J'suis loin d'être un spécialiste en Genjutsu mais s'il y a bien une chose que j'ai apprise, certainement comme tout le monde d'ailleurs, c'est qu'pour atteindre une personne, un Genjutsu doit toucher l'un des cinq sens. Le souci, c'est qu'les deux fois, j'n'ai absolument rien perçu. Aucun goût, aucune odeur, aucun son, aucun contact n'a été établi et aucun lien visuel direct... J'vois mal comment ça pourrait avoir un lien avec le goût, le toucher ou la vue, du coup. Donc, logiquement, ça d'vrait provenir soit d'mon odorat, soit d'mon ouïe.*

Cette réflexion m'avait été nécessaire. C'est pourquoi, après un court moment, je pus ressortir de ma cachette en exécutant un nouveau déplacement instantané. Seulement, à ce moment-là, je m'étais dirigé vers le haut, dans les airs. Des ailes s'étaient formées dans mon dos pendant que j'étais resté derrière la pierre, me permettant ainsi ce genre de mouvement. Ainsi, depuis cette hauteur, j'avais réellement une vue pleinement dégagée, empêchant quiconque de se camoufler derrière l'un des rochers. C'est de cette façon que je pus repérer Kamisaka qui était accompagné, accrochez-vous... d'une chauve-souris. Quelle coïncidence...

A présent dans les airs, à plusieurs mètres d'altitude, je pouvais voir tout ce que je souhaitais. Le champ de bataille n'avait plus de secret pour moi et j'étais prêt à en découdre une bonne fois pour toute. C'en était assez de jouer au chat et à la souris, de m'épuiser pour voir le Hyûga jouer de sa stratégie de camouflage. Ainsi, lorsque Kamisaka leva le regard pour constater ma nouvelle position, je pus remarquer qu'il essayait de me dire quelque chose. Ses lèvres bougeaient, à plusieurs reprises, mais je n'entendais absolument pas ses paroles : la faute aux bouchons que je m'étais enfoncés dans les oreilles peu de temps avant, lorsque j'étais encore caché derrière mon rocher. En effet, je m'étais confectionné ce petit accessoire en arrachant un morceau de tissu de l'arrière de mon tee-shirt et en l'imbibant pour éviter que les sons ne puissent m'atteindre. De plus, je respirais dorénavant par la bouche, évitant également que mon odorat ne soit touché. Telles étaient les deux solutions que j'avais trouvées pour me prémunir de nouvelles tentatives de Genjutsu.

Finalement, le Konohajin exécuta un mouvement qui, pour le coup, était parfaitement reconnaissable : il m'indiquait d'approcher, l'air confiant.


— J'en ai ma claque de t'voir courir comme une p'tite chose terrifiée, Kamisaka. J'arrive !

A ce même instant, mon corps disparu en un battement de cils, parcourant une longue distance à l'horizontale de façon à se placer juste au-dessus du Hyûga, toujours à quelques mètres de haut. Pendant ce déplacement, mon corps s'était renforcé à l'aide de propulseurs habilement positionnés derrière chacun de mes membres afin de pouvoir les accélérer. C'est alors que je m'élançai d'une charge violente vers le bas, directement sur le blanc, en m'armant de mes poings pour venir le percuter de plein fouet et l'éclater contre le sol. Pendant ce temps, mes ailes se rétractaient sur elles-mêmes, retournant à l'intérieur de ma chair.

Alors que je me trouvais dans les airs, juste au-dessus du Hyûga, je me rendis compte qu'il venait de recouvrir ses mains d'une aura violacée étrange, me faisant me poser quelques questions. Toutefois, je ne comptais pas m'arrêter pour autant. Il était assez évident que je me jetais dans la gueule du loup, mais je n'avais pas vraiment d'autre choix pour le moment, si je souhaitais faire bouger un peu les choses. Ainsi, je m'étais élancé violemment vers le bas, mon poing droit en avant pour venir percuter la tête de mon adversaire. Seulement, il y eut un hic. Au moment où le contact fut établi entre ma main et son crâne, son apparence changea du tout au tout : il n'était plus Kamisaka mais bel et bien un rocher comme les autres que l'on pouvait trouver autour. Réalisant donc que j'avais bien eu raison de me méfier d'un stratagème de sa part, je ne pus toutefois que relever la tête pour m'apercevoir que le vrai konohajin se trouvait tout proche de ma position, prêt à en découdre.

Par instinct de "survie", je réagis au quart de tour, pliant mon bras gauche de façon à le placer devant mon propre visage, tout en modifiant sa structure pour le rendre plus grand et dense. Grâce à cela, je pus encaisser son puissant coup de paume qui serait certainement passé au travers de mon armure si je n'avais pas été assez réactif.

C'était moins une...

Pour autant, avec la force de l'inertie, je n'avais pas pu interrompre ma charge, n'ayant donc d'autre choix que de m'échouer contre le rocher, tandis que le Hyûga revenait à la charge en me frappant à plusieurs reprises au visage. Bien heureusement, mon armure était toujours là pour me couvrir et m'empêcha donc de subir le moindre dommage. Suite à cela, il décida de reculer de quelques pas pour prendre de la distance.



— Pfeu.. C'était vraiment bien joué, j'l'avoue... T'as bien failli m'avoir !, dis-je en secouant mes cheveux pour en retirer le surplus de poussière, alors que je me relevai.

Sur ces mots, je disparus alors à toute vitesse pour me camoufler au même titre qu'il avait pu le faire lui aussi depuis le début du combat.