Le monde au delà des murs de pierres [Hakari] [FB]

5 ans plus tôt.

Le temple était particulièrement agité, ce matin là. Hibari s'était levée aux aurores pour s'enquérir de ce qu'il se passait. Si les oiseaux chantaient toujours et que les fleurs du jardin de Bo continuer de diffuser leur discrète fragrance, l'air semblait chargé, comme avant un orage. La jeune moniale n'était pas suffisamment douée pour percevoir les vibrations du chakras comme sa jeune camarade Hikari, mais même elle pouvait sentir que quelque chose de différent s'était présenté aux portes du Temple de la Terre.

Les moines, bien que toujours matinaux, n'étaient jamais si agités. Si elle ne lisait aucune panique sur leurs visages, ce qui la rassurait un peu, elle ne pouvait s'empêcher de suivre du regard leurs allers et venues. La curiosité finissant par l'emporter, ses petits pas la mènent vers la cour intérieure, guidés par les éclats de voix qui raisonnaient contre les parois de roche. N'étant pas bien sûre de s'il s'agissait d'une affaire d'adultes à laquelle elle avait le droit de s'intéresser ou non, elle hésite. Yutaka, lui, y serait aller directement. Il était bien plus brave qu'elle, il ne craignait pas la colère des sensei et les punitions qui ne manquaient jamais de pleuvoir suite à ses méfaits. En proie à son dilemme, elle n'entend pas les pas qui se pressent derrière elle.

─ Ne reste pas dans le passage Hibari, soupire un moine, les bras chargés d'un panier de linges. Rends toi utile, va apporter ça.

Ni une ni deux, la petite disciple se retrouve confiée de la lourde charge qui dépasse amplement sa tête et vient lui cacher la vue.

─ Allons, dépêche toi, ils ne vont pas te mordre, la congédie-t-il avec un signe de la main avant de repartir en marmonnant. Quoique rien n'est moins sûr avec les Inuzuka...

N'ayant aucune idée de ce que pouvait être un Inuzuka, Hibari écoute distraitement les pas du moine s'éloigner. Était-ce une sorte de créature qu'ils avaient recueilli ? Le Temple de la Terre était bien connu pour être un refuge pour ceux qui en avaient besoin, et il n'était pas rare que certains vagabonds s'y attardent. Ce qui voulait dire... De nouvelles personnes ! De nouvelles histoires ! Des milliers de questions à poser !

Énergisée par cette perspective, la petite moniale s'exécute, vacillante sous le poids de l'épais panier avant de retrouver son équilibre. Alors qu'elle s'engage dans la cour, une odeur prononcée de fer vint lui saisir les narines. Elle y reconnait celle du sang, et si cette odeur ne lui est pas particulièrement familière, elle ne manque cependant pas de l'inquiéter. Avait-elle sous-estimé la situation ? Pourtant, les conversations semblent cordiales, presque joyeuses alors que ses pas maladroits la font traverser la cour sans trop y voir grand chose.

─ Hibari, l'appelle une moniale, apporte ça ici s'il te plait. Et fais attention ou tu march- HIBARI !

Il ne lui en faut pas plus pour se prendre les pieds sur quelques choses -quelqu'un ?- et s'étaler de tout son long, l'appel de la gravité plus fort que sa fierté de petite fille. Un peu sonnée, les joues d'un rouge pivoine, elle se redresse prestement pour présenter ses excuses, croisant à cette occasion plusieurs regards scrutateurs. Pourquoi la cour était-elle brusquement envahie de chiens ?! Se remettant rapidement de sa surprise, l'enfant localise la source de sa chute : un jeune homme aux cheveux aussi noirs que les corbeaux qui survolaient parfois les champs.

─ Je suis désolée ! elle s'exclame. Tout va bien ? Mais vous saignez en plus !

Ne sachant pas quoi faire de ses mains et sans doute un peu paniquée par la vision rougeâtre de la tenue de son interlocuteur, Hibari saisit des linges du panier qui était tombé un peu plus loin avant de les presser contre lui, manquant sans doute de peu de l'étouffer.

─ Il faut absolument compresser la plaie ! Oh non, oh non... Vous n'allez pas mourir hein ?!

Bo ne lui pardonnerait jamais.