[FB] Un vrai combat cette fois [PV Tamago]

Suite à son altercation avec le ninja de Kumo, Tamago était resté groggy un bon moment, même après le réveil de ce dernier. Il avait préféré laisser Yoi s’occuper des soins de toute la petite bande et surtout de l’inconnu, dont le pronostic vital avait été sérieusement engagé, pendant qu’il s’était isolé en en profitant pour examiner les alentours afin de s’assurer que personne ne suivait celui qu’il avait cloué au sol. Ce genre de débordement ne lui était quasiment jamais arrivé ou jamais avec une telle ampleur. S’il aimait penser être en contrôle de ses réactions et ses émotions, la raison était tout simplement qu’il avait toujours tout fait pour minimiser les risques de se retrouver dans une telle situation.

Surprotecteur, il était parfaitement placé pour connaître les dangers de la vie de shinobi mais l’insistance des membres de sa fratrie pour poursuivre cette voie l’avait toujours inquiété. Le grand frère protecteur avait toujours fait en sorte de les limiter à des missions classiques sur leur propre territoire ou se débrouillait toujours pour les accompagner et veiller sur eux. Cette fois-ci, malgré tout, il avait été trop lent pour réagir et avait failli provoquer une catastrophe et prendre une vie sur un simple malentendu. Sans même songer à ce que cela aurait pu provoquer en lui, il ne pouvait s’empêcher de réfléchir au traumatisme qu’il aurait infligé à sa propre sœur, s’il avait charcuté quelqu’un en son nom, sous ses yeux et malgré ses supplices.

En proie à ses démons intérieurs, il avait longuement réfléchi à la façon de gérer la situation jusqu’à ce que son adversaire ne se réveille… Juste le temps de réajuster le masque et de se remettre dans le rôle. Rien de bien difficile, simplement répéter la même routine qu’il avait incorporée dans ses habitudes et qui était devenue comme une seconde peau. Rien qu’il n’avait pas fait un nombre incalculable de fois auparavant.

Pourtant, lorsque Takao reprit connaissance, le petit estropié eut du mal à rester contenu et stoïque. A peine réveillé, cet étrange type coiffé au style Nenryou l’avait interpellé sans la moindre once d’animosité, malgré la violence de leur échange encore récent. Plus étrange encore, il le surprit non seulement en le félicitant (non sans y inclure un petit compliment à portée automatique) mais alla même jusqu’à le remercier pour le… spectacle ?

« Tu sais comment parler à un Dôsen toi… » Marmonna le blondin avec un air maussade, les yeux perdus dans le vide. « Si ça suffit pour t’impressionner, tu dois pas te battre bien souvent. »

Relevant un sourcil en sentant des ondes hostiles dirigées droit sur lui, Tamago croisa les iris de sa soeur lui viser en lui tirant des kunais acérés, lui envoyant un frisson glacial lui parcourir tout le long de l’échine. Sans un mot, il mima l’incompréhension en levant les mains et elle répondit en tendant son index et son majeur qu’elle pointa directement vers ses propres yeux avant de les diriger vers ceux de son frère. Ensuite, elle ferma le poing et tendit le pouce qu’elle posa du côté droit de son cou, l’y faisant glisser tout à gauche pour imager une décapitation en ponctuant son mime d’une grimace évoquant le visage post-mortem d’un macchabée. Dans un soupir exaspéré, le Sunajin vaincu reporta son attention sur son interlocuteur en se grattant l’arrière du crâne, la main fourrée profondément dans sa tignasse.

« Aaaaaanyway, t’as la tête dure même pour un Ryûchi, non..? » Essaya-t-il d’engager pour faire le maximum afin de pouvoir être un minimum décent. « J’y allais vraiment dans l’optique de te défoncer le crâne, haha… Du coup… » Sentant le malaise commencer à s’installer alors qu’une goutte de sueur froide lui coulait sur la tempe. « … Bien joué..? »

Il ne comprenait pas vraiment son attrait pour la chose martiale, ni le fait qu’il semblait prendre ça pour un jeu, mais il avait préféré ne pas aborder le sujet car il doutait pouvoir rester cordial en s’engageant sur ce type de terrain. Ils avaient beau ne pas être sur la même longueur d’onde, il y avait quelque chose d’attendrissant à sa candeur, que l’habitant des vents aurait bien eu du mal à décrire. Aucun ressenti, aucune agressivité… Aucune envie de vengeance. Peut-être que si le monde comptait davantage d’individus de la sorte, il aurait pu se prendre d’amour pour les combats, lui aussi… Un monde où personne n’aurait à mourir sur un malentendu, lors d’une belle journée ensoleillée, au détour d’un bosquet pour une simple rencontre fortuite…

Une idiotie de gamin, rien de plus, mais cela faisait du bien, parfois, de retrouver son âme d’enfant. Porté par l’enthousiasme du jeune accidenté de la shinovie, il lui accorda un authentique sourire en se relevant, prêt à partir.

« D’accord, d’accord. Soit, si ça peut te faire plaisir. » Accepta-t-il bien facilement, en fourrant les mains dans ses poches. « Mais pas tout de suite, on a déjà perdu assez de temps comme ça. Qu’est-ce que tu faisais ici, à la base ? »

En essayant de rester le plus courtois possible, Tamago avait procédé à passer Takao sur le grill pour s’assurer qu’il n’y avait vraiment pas le moindre risque, même si une petite voix au fond de lui lui intimait qu’il n’avait pas à s’en faire. Avant que leurs chemins ne se séparent, le Dôsen s’était une nouvelle fois surpris à accepter la promesse d’une revanche et de potentielles retrouvailles avec cet atypique personnage. Les Sunajins l’observèrent s’éloigner en leur faisant de grands signes de main, tandis que le limier décalait peu à peu son attention pour la poser sur sa soeur aux pommettes rosies et qui n’avait pas arrêté de tenter de s’intégrer à la conversation avec l’homme des nuages.

« Chic type… » Résuma-t-elle simplement, en tentant de ménager son attraction.

« Même pas en rêve. » Trancha sec son grand-frère avec un grand sourire, posant sa main sur la tête de Yoi pour lui ébouriffer la chevelure tandis qu’elle tournait au rouge pivoine, avant qu’il ne tourne les talons. « Comment c’est CA que tu retires de cette intéraction, sale folle ? » Lui demanda-t-elle dans un rire franc, s’amusant de la voir si transparente. « C'est mort ! »

Elle avait bien sûr essayé (assez piètrement) de le cacher, mais rien n’échappait à l’attention d’un grand-frère attentif et précautionneux comme il savait l’être. Il avait beau se moquer gentiment d’elle, c’était en réalité un soulagement de voir qu’elle n’avait gardé aucune séquelle de cet accrochage plus que limite… Parfois, il oubliait à quel point elle pouvait être forte et c’était aussi ce qui lui permettait de tenir, quand rien n’allait plus. S’il veillait sur elle et la protégeait de son mieux, c’était bien elle qui le sauvait constamment et non pas l’inverse.

« Mais non… ‘Fin voilà il aurait pu super mal le prendre et tout… »

Sans lui répondre, il continua à se marrer comme un gorret, faisant le pitre tout en se perdant dans ses propres pensées. Une romance entre deux membres de grands villages opposés avait tout du conte de fée, une pensée réconfortante mais irrationnelle, lorsque l’on s’attardait plus de quelques secondes à l’état du monde. Pourtant, est-ce qu’on ne disait pas que pour faire la paix, il fallait être deux ? Pourquoi diable la première brique d’un édifice de paix ne pouvait-elle être faite de l’amour authentique créé au détour d’une rencontre hasardeuse ? Qu’est-ce qu’il y avait de plus beau ?

« N’y pense mêêêêême pas ! » Insista-t-il, en s’éloignant de plus en plus du point de cette étrange rencontre.  

Qu’est-ce qu’il y avait de plus improbable ? Pourtant, cela n’empêcha pas la naissance d’une nouvelle voix à l’arrière du crâne de Tamago. Celle d’un petit oeuf innocent, qui se contentait de lui demander de remettre ses notions préconstruites en question. Une petite voix d’enfant, qui commença à lui demander “pourquoi pas ?”.



Durant une bonne année suivant leur introduction musclée au ninja de Kumo, celui-ci était resté en contact avec Yoi par le biais de lettres qu’ils s’échangeaient par le biais de divers coursiers. Il n’y avait à proprement rien de bien interdit dans leurs échanges, mais chaque lettre était très certainement passée au crible fin avant de passer les douanes de chaque village, afin de s’assurer qu’il n’y avait aucun échange d’informations ni filouteries par le biais d’un Fuin pernicieux.

De temps en temps, Tamago s’incrustait dans les rédactions de sa soeur pour prendre des nouvelles de cet idiot idéaliste pour lequel il s’était également pris d’affection. Ce fameux jour, après un long trek qui avait pris bien du temps, une silhouette menaçante se dressa du haut d’une petite butte non loin de l’endroit où attendait Takao, projetant une ombre gigantesque sur celui qu’il était venu voir.

« Oïïïïï, korrrrrrrrraaaaaaa, alors comme ça on parle avec ma soeur, vieux pervers ?! » Grogna le lion tressé, avant de bondir pour se retrouver en contrebas d’un simple mouvement.  

Allant immédiatement à la rencontre de Takao, son visage s’était métamorphosé dès lors qu’il eut touché le sol et il se précipita sur son camarade avec un grand sourire.

« Yoi arrivera plus tard dans la journée, je me suis permis de me prendre un peu d’avance… J’ai une promesse à tenir, je crois. » Annonça-t-il au milieu de sa course.  

Arrivant pour frapper violemment des deux paumes dans celle du Ryûchi de toutes ses forces, ils échangèrent plusieurs high five bien physiques où le moindre faux mouvement aurait pu se solder par un K.O. technique avant même le début des hostilités, mais que les deux monstres de la nature semblaient encaisser sans le moindre problème.


Une fois leur salut improvisé terminé, Tamago s’éloigna d’un pas pour toussoter dans son poing fermé afin d’attirer l’attention du gai luron, ayant du mal à contenir l’énorme sourire qui lui déformait les traits.

« J’ai une info capitale à te partager, Takao. » Dit-il sobrement, fronçant les sourcils pour rester le plus sérieux possible. « On pense que quelqu’un aurait entreposé de dangereux explosifs à Suna… »

Plongeant sa main gauche à l’intérieur de son lourd manteau signature qu’il avait depuis renforcé, le petit homme qui avait pris quelques centimètres dégaina un rouleau d’une de ses poches intérieures, avec un air grave. Il le déroula devant les yeux de Takao, pour révéler l’inattendu… Un portrait des plus réalistes de Bara, son petit joyau qui n’avait encore que quelques mois suivi de celui de sa femme.

« C’est ma femme et ma fille et c’est des booooombes ! » Piailla-t-il comme une jeune adolescente en gigant sur place dans une petite danse improvisée, incapable de tempérer son bonheur. « N’est-ce pas ? N’est-ce pas ? »

La deuxième partie du rouleau lui échappa des mains et se déroula sur le sol pendant de longues secondes, dévoilant un nombre affolant et un brin alarmant de portraits de famille ainsi que de dessins totalement abstraits qui ne pouvaient avoir été réalisés qu’en recouvrant tout ou partie son bébé de peinture pour le laisser rouler sur le tissu. Toussotant de nouveau, il remballa lentement son parchemin pour le glisser dans la poche de Takao en lui posant l’index sur les lèvres.

« Chu-chu-chu, c’est pour toi, t’inquiète, y’a pas de quoi, ça me fait plaisir, j’en ai plein d’autres t’as même pas à t’en faire. » Murmura-t-il avant de s’éloigner pour mettre un peu de distance entre eux deux.  

Une chose était sûre, Tamago semblait bien différent de celui qu’il était lors de leur première altercation. Restait encore à savoir à quel point et surtout, est-ce que Takao avait pu se débrouiller pour réduire le gouffre qui existait entre eux ? Honnêtement, le petit estropié semblait lui aussi attendre ce rematch avec impatience, il avait hâte de voir ce que l’hurluberlu avait dans le ventre et voulait s’assurer qu’il était la bonne personne pour les ambitieux projets qu’il avait participé à faire germer au fond de son esprit.

« Alors, tu es prêt à me montrer tes progrès… » Demanda-t-il avec un sourire en ouvrant sa chemise, dévoilant un étrange tatouage noir représentant un soleil de mauvais augure. « Ryûûûûchi Takaaao ?! »

Claquant ses deux mains violemment l’une contre l’autre, il vint apposer les paumes sur son torse, causant les symboles qui y figuraient à s’illuminer, la tête d’une armure s’extirpant de son buste comme par magie, rapidement suivie par le reste de l’attirail alors que le blondin ricanait comme un beau diable.

« Les autres sont à l’atelier, j’ai quelques réparations à faire… Mais tu vas être le premier à expérimenter mon dernier chef-d’œuvre, dépassé uniquement par mes Kinzenkai et bien sûr, mon adorable petite princesse des sables. Réveille-toi… »

Large armure bien démesurée malgré la poussée de croissance tardive du jeunot, l’énorme pantin d’acier se tenait là, immobile, attendant que son maître ne l’active pour démontrer sa puissance. L’arrière était ouverte afin de permettre à son utilisateur d’y entrer facilement et celui-ci leva la jambe comme pour monter une marche, se soutenant en réalité d’un enchevêtrement de fils de chakra, il prit place au milieu de sa création dont les yeux se teintèrent d’une lueur dorée, évocatrice du chakra du petit oeuf.